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Enquête

« Les restructurations se passent d'autant mieux qu'il existe un substrat de négociation »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 15.04.2008 |

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« Les restructurations se passent d'autant mieux qu'il existe un substrat de négociation »

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E & C : Le programme européen Mire*, que vous avez conduit entre 2004 et 2007, visait à identifier les pratiques de restructuration dans cinq pays. Quels sont les points communs des restructurations en Europe ?

B. E. : Le projet était, en effet, construit autour d'ateliers nationaux avec des représentants des salariés, des employeurs et des territoires, en France, en Belgique, en Suède, en Allemagne et au Royaume-Uni. Parmi les enseignements les plus clairs dans ces cinq pays, l'idée s'impose que les restructurations, vécues comme un moment particulier, sont pourtant devenues un mouvement perpétuel. Il y a, certes, des moments de rupture avec la fermeture de sites, mais aussi des structures qui ne cessent de se transformer, avec des externalisations de services ou d'activités, des départs échelonnés, des négociations individuelles.

Certains groupes allemands font une restructuration par an depuis vingt ans. En France, les PSE ne représentent que 18 % des licenciements.

L'autre point commun, du fait de cette évolution des activités et du recours croissant à la sous-traitance, est que ces décisions affectent en général une cascade de fournisseurs.

E & C : Quels sont les points clés des restructurations dans ces différents pays ?

B. E. : Deux notions nous ont parus importantes : celle des processus et celle du jeu des acteurs. La capacité à anticiper dépend, notamment, des processus mis en place, en particulier en matière d'information et de consultation des salariés. Cette anticipation est nécessaire pour que les différents acteurs - salariés, organisations syndicales, territoire - puissent se positionner et exercer leurs prérogatives. Comme toute situation de rupture, les restructurations nécessitent une importante mobilisation de ressources, alors même qu'elles surviennent brusquement. C'est la combinaison du manque de temps et de ressources qui transforme les restructurations en crises. Les restructurations se passent d'autant mieux qu'il existe un substrat de négociation et de confiance entre les partenaires sociaux.

Les procédures légales peuvent inciter à l'anticipation : en France, elles sont prédominantes, même si la négociation se renforce avec les accords de méthode. Dans d'autres pays, c'est la négociation qui prédomine, comme en Allemagne, pays de la co-détermination, ou en Suède, où on compte 80 % de syndiqués.

* <www.mire-restructuration.eu>

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