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Enquête

Bilan mitigé pour le recrutement des infirmiers espagnols

Enquête | publié le : 13.05.2008 |

Pour faire face à un manque chronique d'infirmiers, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a eu recours à des infirmiers espagnols entre 2001 et 2004.

Afin de pallier un déficit d'infirmiers et de kinésithérapeutes dans leurs établissements, quatre fédérations françaises d'employeurs du secteur de la santé ont monté, à partir de fin 2001, une filière de recrutement en Espagne, qu'elles ont entretenue - et financée pour l'essentiel - jusqu'à fin 2004. Ressortissants d'un pays membre de l'Union européenne, ces infirmiers, dont le diplôme est reconnu en France, peuvent venir y travailler sans difficultés.

Entre 2001 et 2004, les adhérents de la FHF (établissements publics), de la FHP (établissements privés), et de la FEHAP ainsi que de la FNCLCC (privés à but non lucratif) ont recruté 643 infirmiers, 200 kinésithérapeutes et 5 manipulateurs radio espagnols, soit 848 personnes. Ce dispositif, mis en place avec l'Office mondial de l'immigration, dont le but était de sécuriser les recrutements, tant du point de vue des employeurs que des salariés, comprenait une cellule de recrutement à Madrid et un centre de formation à Dourdan (91).

Engagement ferme

Recrutés en Espagne, les candidats partaient en France avec un engagement ferme, où ils étaient formés pendant un mois au français et aux techniques de soins, avant de rejoindre leur établissement. L'intégration, et notamment l'aide au logement, incombait à ce dernier.

Un peu moins de la moitié sont allés en Ile-de-France, dont à l'AP-HP, principal employeur de personnels soignants dans la région, où 1 200 postes d'infirmier n'étaient pas pourvus à l'époque. Michelle Bressand, directrice des soins paramédicaux à l'AP-HP, estime qu'elle emploie encore, aujourd'hui, une soixantaine de ces infirmiers espagnols.

Elle tire de cette initiative un bilan mitigé : « On a mis beaucoup de moyens pour les attirer et, finalement, ils sont repartis chez eux. Dès lors que la situation de l'emploi s'est améliorée en Espagne, la source s'est tarie et le dispositif n'avait plus de raison d'être. »

Si elle pense que, pour de grosses structures comme l'AP-HP, qui ont les ressources pour attirer du personnel, un tel déploiement de moyens n'était pas utile, elle reconnaît qu'il a pu l'être pour de petites structures. Selon elle, ce dispositif a, néanmoins, permis à l'AP-HP de s'«ouvrir» sur l'extérieur et d'assécher les filières d'immigration «à but lucratif».

Une démarche marginale

D'une manière générale, Michelle Bressand estime que le recrutement d'étrangers ne sera jamais que marginal au regard des besoins de l'AP-HP : sur les 1 200 à 1 500 infirmiers qu'elle recrute chaque année - compte tenu d'un turn-over de 12 % -, les étrangers ne représentent qu'un faible pourcentage, estime-t-elle. Si, aujourd'hui, l'AP-HP continue d'accueillir des infirmiers espagnols - qui viennent par leurs propres moyens - et étrangers, Michelle Bressand compte davantage sur les recrutements «en régions» pour pourvoir ses 950 postes inoccupés, et sur la campagne gouvernementale de communication pour inciter les étudiants à choisir les filières paramédicales.