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Les pratiques

Buffet Crampon sonne la charge contre les TMS

Les pratiques | publié le : 20.05.2008 |

Aménager les postes et y faire revenir les salariés ayant eu des TMS constitue une priorité pour Buffet Crampon, parallèlement aux actions de prévention.

«En 2003, nous avons eu deux cas de troubles musculo-squelettiques (TMS) dans l'atelier essuyage, et nous avons reclassé les deux salariés sur d'autres postes », se souvient Denis Rossin, chef de production de Buffet Crampon, une PME de fabrication d'instruments de musique, qui a reçu, le 8 avril dernier, jour du lancement de la campagne gouvernementale contre les TMS, la visite de Xavier Bertrand.

« Désormais, notre objectif est d'assurer le retour au poste de travail initial », poursuit-il. Ainsi, en 2006, un ouvrier de l'atelier visserie a dû être arrêté plusieurs mois. Il a été réintégré à son poste, qui a été aménagé grâce, notamment, à une aide de 20 000 euros apportée par l'Agefiph, puis son temps de travail et ses objectifs de production ont été revus à la baisse.

« La moitié de nos actions en milieu de travail concernent le maintien dans l'emploi de salariés ayant des restrictions d'aptitude », confie Chantal Maréchal, médecin du travail de Buffet Crampon. Le siège et la manufacture de la société, fondée en 1825, sont installés à Mantes, en région parisienne. 280 salariés y travaillent, dont 220 en production. La fabrication annuelle de quelque 22 000 instruments - clarinettes, hautbois, bassons, saxophones - y est essentiellement manuelle, avec beaucoup de gestes répétitifs. L'entreprise a donc cherché à réduire les sollicitations des épaules, coudes, poignets. Des sièges ergonomiques réglables, des accoudoirs mobiles, des supports adaptés, des tournevis électriques ont été installés. Une encolleuse actionnée par une pédale remplace désormais le pistolet à colle...

Pour Chantal Maréchal, des outils adaptés ne règlent pas tout et ne suffisent pas à prévenir toutes les TMS. « Il faut une approche globale », souligne-t-elle en citant l'étude des postes, la polyvalence, l'accueil des nouveaux embauchés...

Etude des gestes et des flux

En fait, dès 2005, Buffet Crampon a fait réaliser par l'Aract un diagnostic court sur les conditions de travail. Un «comité TMS» - associant l'Aract, la Cramif, la DRH, le médecin du travail, des ergonomes, le responsable chargé de l'environnement, le service fabrication - est intervenu dans les ateliers préclétage (avant la pose des clés) et électrolyse (finition des clés). « Nous avons étudié les gestes et les flux, puis nous avons décidé l'acquisition d'un chariot mobile à hauteur variable pour éviter le port de charges lourdes et les rotations répétitives effectuées par les opérateurs », indique Denis Rossin.

Des machines testées par les utilisateurs

Désormais, le souci ergonomique existe dès la conception des équipements. Et lorsqu'une machine d'un nouveau modèle est produite, elle est testée par les ouvriers, qui peuvent suggérer des modifications. « L'opérateur y gagne en confort, et l'entreprise, en productivité », résume le directeur de production. Eric Rose, secrétaire du CHSCT, se réjouit de l'action sur les TMS. Mais, dit-il, « beaucoup reste encore à faire contre d'autres risques professionnels liés à la respiration des poussières, aux nuisances sonores, au manque d'espace... ».