L'augmentation du prix du baril de pétrole et celle des coûts des transports qui en résulte posent de manière de plus en plus aiguë le problème des déplacements domicile-travail.

Pour le sociologue Eric Le Breton, entre le coût du transport, sa durée, la gestion des tâches quotidiennes et les problèmes de garde d'enfants, la vie de certains salariés est devenue tout simplement intenable. Entre les cadres, qui parcourent le monde au nom de leur entreprise au prix d'une gymnastique horaire épuisante ; les pendulaires, qui, chaque jour, accomplissent des trajets longs et pénibles, et les précaires, pénalisés par les coûts des déplacements et les problèmes liés au logement, le tableau du travail vire au noir.

Tandis que l'emploi se précarise, le poste «transport» dans le budget des ménages est passé devant celui de l'alimentation. Dans le même temps, les horaires décalés rendent de plus en plus périlleuse et coûteuse l'organisation familiale. Trois à quatre millions de smicards sont touchés. Ils sont intérimaires, travaillent dans l'agroalimentaire, le nettoyage industriel, la grande distribution, mais ils peuvent aussi être de «petits» fonctionnaires à faibles revenus.

Pour les entreprises, le bilan n'est pas neutre puisque ces difficultés «personnelles» retentissent sur l'absentéisme et le turn-over. A l'heure de la flexisécurité, il est urgent, pour les pouvoirs publics, les entreprises et les syndicats, de prendre le problème à bras-le-corps.

Eric Le Breton est maître de conférences en sociologie à l'université Rennes-2 et chercheur au laboratoire Reso.