Le titre de l'ouvrage se veut provocateur : la logique économique qui a conduit à la crise financière actuelle est tellement aberrante qu'elle pourrait paraître fictive. Mais la réalité est là. Pour remplir la bourse des financiers, des millions de personnes manquent du nécessaire et se serrent la ceinture, des centaines de milliers d'autres se retrouvent sans abri et les 6 milliards et quelques d'habitants que compte la planète sont pris dans la tourmente de la crise économique.

Les raisons de ce krach sont bien connues : déficit budgétaire record des Etats-Unis, titrisation en cascades des créances pour diluer le principe de risque, hedge funds, fonds souverains, spéculation sur les matières premières, y compris alimentaires... Bref, une logique où l'économie marche sur la tête puisque la finance a pris le pas sur la production de richesses.

Il n'y a que l'Europe pour croire que la guerre économique est aujourd'hui industrielle. La vraie guerre économique est technologique et monétaire. Si l'avantage technologique reste, pour l'instant, aux Etats-Unis, l'avantage monétaire bascule vers l'Orient. La question n'est même plus la concurrence entre les salariés des pays occidentaux et ceux des pays asiatiques, mais l'intérêt commun de tous les travailleurs face à ceux du capital.

Une forme de mondialisation d'un genre nouveau qu'avait peut-être envisagée un certain Karl Marx, mais qui, à défaut de révolution, exigerait au moins que des résolutions prudentielles soient prises en matière financière par les responsables économiques pour redonner du sens au travail de tous.

Olivier Pastré est professeur d'économie à Paris-8, membre du conseil scientifique de l'Autorité des marchés financiers.

Jean-Marc Sylvestre est journaliste à TF1 et à LCI.