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Le risque routier, un nouveau levier pour les PDE

Enquête | publié le : 24.06.2008 |

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Le risque routier, un nouveau levier pour les PDE

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Si la sécurité routière ne constitue que rarement l'élément déclencheur dans la mise en place d'un plan de déplacements d'entreprise (PDE), elle fait cependant de plus en plus partie intégrante de la réflexion.

«Il faut être honnête, lors de la mise en place d'un PDE, la prise en compte des risques routiers arrive loin derrière les enjeux environnementaux ou la résolution de problèmes très pratiques tels que la gestion des stationnements ou l'accessibilité des sites, mais elle commence à faire partie des débats », indique Christophe Hazo, chargé de mission déplacements à Rennes Métropole.

Impacts économiques et sociaux

« Progressivement, les acteurs intègrent les impacts économiques et sociaux liés aux risques routiers alors qu'initialement, les premiers PDE étaient lancés pour des questions d'image et de développement durable, abonde Marc Fontanès, directeur de Mobility +, un bureau d'études et de conseil en mobilité professionnelle. Depuis environ quatre ans, nous intégrons systématiquement dans nos diagnostics la problématique des accidents de la route et, dans les plans d'action que nous préconisons, nous mettons en place des démarches de prévention réalisées par des spécialistes de la sécurité routière. »

Aéroports de Paris (8 000 salariés) a, ainsi, fait de la prévention des risques routiers l'épine dorsale de son PDE lancé en 2007. « Outre un système de covoiturage, nous avons voulu réduire les déplacements à la source en installant des bureaux en libre-service, des salles de visioconférence et des centres de formation sur chaque site », détaille Philippe Tellier, responsable du service prévention des risques professionnels chez ADP.

Accompagnement des salariés

Le conseil régional de Bretagne a, de son côté, associé à son PDE une formation sur les risques routiers pour une quinzaine d'agents considérés comme «grands routiers». « Notre objectif n'était pas de stigmatiser les automobilistes, mais de favoriser le report vers des moyens de transport alternatifs à la voiture et d'accompagner les salariés qui sont contraints d'utiliser leur véhicule pour se déplacer », explique Emmanuel Sergent, chef du service des relations sociales, de la formation et de la communication.

La sécurité routière est, parfois, l'élément déclencheur du PDE. C'est notamment le cas du site cannois de Thales Alenia Space (2 000 salariés), dont le PDE a été initié en 2006. « Sur la période 2003-2006, nous avons enregistré 43 accidents de la route chez nos salariés, uniquement des accidents de trajet domicile-travail, qui ont occasionné 3 260 jours d'arrêt. Ces chiffres préoccupants ont motivé notre engagement dans l'élaboration d'un PDE conçu comme facteur de réduction des accidents et vecteur de la promotion de la sécurité routière », soulève Jean-Pierre Henry, directeur de l'établissement.

Mesures incitatives

A la suite d'un diagnostic sur les pratiques de déplacement des salariés, trois actions ont été lancées : privilégier les transports en commun et les transports combinés (train et vélo, train et bus...), rendre le vélo plus attrayant et favoriser le covoiturage, sans oublier la mise en place de mesures financières incitatives (financement à hauteur de 50 % des titres de transport en commun). « En dix-huit mois, poursuit-il, nous avons réduit de 11 % le nombre d'«auto-solistes» réguliers sur les trajets domicile-travail et nous avons constaté une baisse de 15 % des accidents avec arrêt de travail, accompagnée d'une diminution de la gravité (27 jours d'arrêt en 2007 contre 326 en 2006). » Une démarche qui a été, en partie, aidée par la Cram Sud-Est, qui a accordé une «ristourne sur la majoration forfaitaire accident de trajet».

Travail en commun

Le PDIE (interentreprises) Mobiparc 45, dans la région orléanaise, a également été déclenché suite à un accident mortel de la route. Un travail en commun a été mené avec l'Ademe Centre, la CCI du Loiret, la Cram et quatre parcs d'activité représentant 1 000 entreprises et 18 000 salariés. En plus des actions de prévention «classiques» (démonstration de voitures tonneaux, formations, favoriser le vélo et les transports en commun), il vise à développer les services de proximité afin de réduire les déplacements générés, notamment, par les pauses-déjeuner. « La sécurité routière constitue une entrée significative pour que les chefs d'entreprise s'impliquent et s'approprient le PDE, peut-être davantage que celle du développement durable », constate Marc Fontanès, chargé de la réalisation technique et de la coordination du projet Mobiparc 45.

Convergence d'intérêts

Avec l'augmentation du prix des carburants et le renforcement des obligations réglementaires, les spécialistes estiment que les PDE devraient se développer en prenant davantage en compte l'importance des enjeux du risque routier. « On assiste à une convergence d'intérêts : développement durable, sécurité, coût, confort », note le consultant. De son côté, Christophe Hazo incite les entreprises à expérimenter d'autres solutions, tel le télétravail. Le nouveau Cahier de la prévention des risques routiers, que vient de publier l'Observatoire du véhicule d'entreprise, vise justement à aider les entreprises à mettre des PDE en place.

Les PDE bientôt obligatoires en Ile-de-France

Dans quelques semaines, un arrêté interpréfectoral obligera les 150 entreprises et administrations franciliennes les plus génératrices de trafic à mettre en place des plans de déplacements d'entreprise (PDE), d'ici à septembre 2009, afin de réduire l'usage de l'automobile, tant pour les trajets domicile-travail que pour les déplacements professionnels. Les deux critères retenus par la Drire Ile-de-France pour caractériser les établissements concernés ont été le nombre de salariés et le taux d'utilisation de la voiture personnelle. Ce projet s'inscrit dans le cadre du plan de protection de l'atmosphère de la région (PPA), approuvé par décret le 6 juillet 2006.

Un PDE ambitieux pour La Poste Côte d'Azur

Dans le cadre de son projet stratégique «Performance et Confiance 2008-2012», le groupe La Poste poursuit son engagement en faveur d'un développement responsable. C'est ainsi que le PDE Côte d'Azur, l'un des cinq plus importants en France, a pour ambition de diminuer de 20 % la part du véhicule individuel (soit une baisse de 1 600 voitures par jour) au profit d'autres modes de transport dans les déplacements domicile-travail afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de permettre aux employés de disposer de solutions plus économiques et moins risquées. Ce plan concerne 8 000 postiers répartis sur 435 sites dans le Var et les Alpes-Maritimes. Une première convention a été signée en avril dernier avec la Régie mixte des transports toulonnais, qui prévoit une réduction de l'abonnement grand public de l'ordre de 50 % pour les agents de La Poste (de 345 euros à 179 euros). En parallèle, La Poste a ouvert un compte sur le site de covoiturage equipage06.fr afin de développer un usage raisonné de la voiture.