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Enquête

Rapport et contre-rapport autour de la RSE

Enquête | publié le : 01.07.2008 |

China Labor Watch, ONG américaine, livre, dans son rapport 2008, un réquisitoire contre Taiway, fournisseur d'équipements sportifs installé dans le sud de la Chine. Son donneur d'ordres allemand Puma se retrouve au coeur de la polémique. Malgré les mesures qu'il avait prises.

Le rapport de l'ONG américaine China Labor Watch, paru en mars 2008, sur l'usine de Taiway, un fournisseur taiwanais de l'équipementier sportif allemand Puma, implantée à Dongguan dans le sud de la Chine, est accablant. Selon l'ONG, les quelque 4 000 salariés de cette usine continuent à travailler dans des « conditions terribles », en dépit d'une première enquête réalisée il y a trois ans. Charge de travail excessive, heures supplémentaires non rémunérées, paiement tardif, discriminations, violence et insécurité dans les dortoirs, nourriture indigne à la cantine, etc. : « Les travailleurs disent être traités comme des cochons », dénoncent les auteurs du rapport.

Enquête interne

Au siège de Puma, à Herzogenaurach, les reproches sont récusés avec fermeté. « Nous avons reçu le rapport de China Labor Watch sur notre fournisseur de longue date, Taiway, avant sa parution. Nous avons alors aussitôt ordonné une enquête interne et constaté que la majorité des reproches étaient soit infondés, soit très exagérés », se défend Ulf Santjer, porte-parole de Puma. Ainsi, selon l'audit interne, « Taiway paye des salaires corrects » et les heures supplémentaires sont « rémunérées ».

Volontariat

En mars dernier, Taiway a certes introduit un nouveau système d'horaires pour répondre aux pics de la demande et aux fréquentes coupures d'électricité, qui prévoit, du lundi au vendredi, des journées de 8 heures de travail assorties de 2 heures supplémentaires, ainsi qu'une journée de 8 heures le samedi. « Mais ces heures supplémentaires sont effectuées sur base volontaire. Les travailleurs qui refusent ne subissent aucune pression de la part du management », assure le porte-parole. Quant à la cantine, elle est fréquentée à la fois par les cadres, les travailleurs et les techniciens de Puma sur place.

Selon Puma, l'association internationale sans but lucratif Fair Labor Association (FLA, lire ci-dessous), à laquelle elle a adhéré en 2004, a, entretemps, mené sa propre enquête et réfuté, elle aussi, les reproches de l'ONG. Mais «injustifiés» ou «fondés», de tels rapports constituent toujours une mauvaise nouvelle pour les entreprises concernées. Car les enjeux financiers sont énormes. Sensibilisés par les campagnes des ONG, les clients s'intéressent de plus en plus aux conditions de fabrication des produits qu'ils achètent et souhaitent le faire avec bonne conscience.

Code de conduite

Face à ces enjeux, Puma a adopté, dès 1993, un code de conduite qu'il a fait signer à tous ses fournisseurs dans le monde. Le code est affiché dans chaque usine. Pour en contrôler son application, Puma dispose, depuis 1999, de sa propre équipe qui mène régulièrement des audits internes. Ainsi, en Chine, la majorité des quelque 150 usines travaillant pour Puma subissent, une fois par an, voire plusieurs fois, un audit interne, mené par l'équipe «S.A.F.E Team China» de Puma. Composée de trois experts chinois, l'équipe examine les fiches de paie, la liste des pointages, le respect des normes de sécurité et d'environnement, etc. A ces audits internes s'ajoutent les audits externes indépendants menés par surprise par l'association FLA. 

« Suite à ces audits internes et externes, nous établissons régulièrement, avec les directeurs d'usine, une liste d'améliorations à réaliser », explique le porteparole. Ces mesures font ensuite l'objet d'un nouvel audit. Selon Puma, les fournisseurs, au début méfiants, sont aujourd'hui satisfaits de ces audits, qui leur permettent d'améliorer leurs conditions de travail et de fidéliser ainsi leur personnel. Car ils sont confrontés à un turn-over élevé. Quant aux entreprises qui refusent d'appliquer les normes Puma, elles sont menacées de voir leurs contrats résiliés. Ce que Puma a dû faire une trentaine de fois ces dernières années.