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Enquête

Gatineau, plus de soleil pour... plus de travail

Enquête | publié le : 15.07.2008 |

Le lancement de la gamme solaire chez Gatineau, en 2005, a permis de renforcer la production de l'usine de Bezons (95). L'entreprise veut construire son avenir avec des salariés fidélisés.

Dans la gamme Gatineau, le solaire est un produit d'appel. Il ne représente que 10 % du chiffre d'affaires, mais son rôle est d'attirer les clientes vers les soins du visage qui se vendent toute l'année. En effet, face aux mastodontes du cosmétique, la PME française doit défendre son précarré. La marque s'est positionnée comme le spécialiste des crèmes anti-âge et ses solaires garantissent hâle et protection contre le vieillissement de la peau.

Savoir-faire

De même, travailler chez Gatineau conserve. L'entreprise licencie peu ; aussi, la moyenne d'âge est de 46 ans et l'ancienneté moyenne de seize ans. « On a besoin de fidéliser nos salariés, explique Cendrine Yapici, responsable ressources humaines. Dans une PME, un poste égale une personne. Elle s'en va et l'architecture est ébranlée, cela nous coûte plus cher de recruter et de former que de conserver les savoir-faire. » L'âge a aussi ses désavantages. « Le taux d'absentéisme est de 5 % en atelier, indique Cendrine Yapici, en raison des arrêts de longue maladie liés au vieillissement. »

Parade anti-âge, Gatineau a, depuis 2006, sécurisé tous les gestes sources de maladies professionnelles. « Résultat, en 2007, nous n'avons eu à déplorer aucune déclaration de maladie professionnelle », déclare la RRH.

Les années d'expérience sont irremplaçables pour le fonctionnement de cette grosse PME. « La compétence, chez nous, n'est pas segmentée, précise Cendrine Yapici. Elle nécessite une maîtrise de tous les aspects d'un métier. » Cette organisation découle du fait que Gatineau est une entreprise intégrée. « Nous possédons la recherche et développement, le contrôle qualité, le packaging..., détaille-t-elle. C'est notre force. »

Son pivot, c'est l'usine de fabrication, créée en 1970, à Bezons, dans le Val-d'Oise, qui regroupe 60 % des effectifs, les autres services étant basés au siège parisien. Une usine qui a failli être vendue, en 2005. « Cela a suscité beaucoup de craintes, se rappelle Cendrine Yapici, aujourd'hui, on veut les apaiser. »

Bonnes pratiques de production

Le lancement de produits solaires, dont la production a été absorbée sans difficulté, a redonné confiance. En 2008, la formation (0,9 % de la masse salariale) qui sera dispensée portera sur les bonnes pratiques de production pour se mettre en conformité avec les normes européennes. Gatineau, qui cotise à l'Opca C2P, est un petit consommateur des aides de son collecteur (deux dossiers de période de professionnalisation ont, en 2006, été montés) et n'a pas encore utilisé le DIF.

Mais, si signe est donné aux salariés que l'outil de fabrication compte, l'implication humaine a sa part. Ainsi, la PME a tenu au maintien d'une augmentation des salaires d'au minimum 2 % par an, depuis quinze ans, que l'année soit bonne ou mauvaise. Une équation pas si évidente, car si Gatineau fait du profit, Revlon, le groupe américain qui l'a acheté en 1979, commence juste à sortir du rouge.

3 % de la masse salariale

« Ces trois dernières années, nos augmentations ont même représenté 3 %, par an de la masse salariale, avec un effort pour les bas salaires, précise Cendrine Yapici, ce qui nous situe dans la bonne fourchette du secteur de la parfumerie. » Cela compense le fait que cette PME ne connaît pas l'intéressement, ni la participation, ni le treizième mois. Parmi les 3 % d'augmentation, 2 % sont des augmentations collectives et 1 % du salaire au mérite. « Je suis directement reliée aux problèmes de pouvoir d'achat, décrit la RRH, car c'est moi qui, en fin de mois, remets en main propre, à chaque salarié, sa feuille de paie. » Le dernier accord salarial a été ratifié par la CFDT, la CFTC, FO et la CGT.

Ce dialogue social, l'entreprise a l'intention de le conserver. Mais l'épreuve l'attend. « Notre axe de développement dans l'avenir, souligne Cendrine Yapici, est de faire de Bezons le centre de production des produits de soins de Revlon International. » Donc, d'augmenter la capacité de production. Or, pour le moment, cette montée en puissance est limitée par le nombre de jours travaillés. « Lors de notre accord 35 heures, en 2000, nous nous sommes organisés sur une alternance de semaines de 4 jours et de 4 jours et demi, déclare-t-elle. L'entreprise ne tourne donc pas les vendredis après-midi. »

Renégociation

Comment motiver les salariés à rogner sur leur week-end de trois jours ? Pas par les heures sup'. « Qui dit majoration des heures supplémentaires dit temps de travail effectif, or nous fonctionnons en cycle long de douze semaines, il faut donc faire trois mois de travail ininterrompu, sans jour de congé payé, jour férié ou arrêt de travail, pour espérer une majoration des heures supplémentaires, explique Cendrine Yapici. En l'état, c'est inapplicable. »

Dans les prochains mois, la direction va donc proposer aux syndicats de renégocier l'organisation du travail. « Nous voudrions, avance la RRH, faire accepter un assouplissement du cycle de la semaine, qui permettrait de proposer des majorations. » Du gagnant/gagnant.

Gatineau France

•Activité : production et vente de produits de beauté.

• Effectifs : 154 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 15,5 millions d'euros.