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La Poste sur la voie de la privatisation

L'actualité | publié le : 02.09.2008 |

Alors que le changement de statut de l'établissement se précise, les syndicats de La Poste veulent mobiliser contre la «privatisation». Un sujet chaud de la rentrée.

Le compte à rebours a commencé. C'est dès 2010 que La Poste pourrait devenir une société anonyme, ce qui lui permettra d'ouvrir son capital en janvier 2011. C'est ce qu'a confirmé Jean-Paul Bailly, le président du groupe, le 28 août. L'entreprise restera publique car l'Etat demeurera majoritaire. Mais, La Poste a besoin « de 2,5 à 3,5 milliards d'euros pour son développement », a-t-il indiqué. Pour y parvenir, le schéma n'est pas encore précisé.

D'où viendront les nouvelles ressources ? La Poste pourrait faire appel à des investisseurs institutionnels telle, la Caisse des dépôts, ou à l'épargne populaire, avec une introduction en Bourse. L'hypothèse d'un fonds de pension semble écartée.

Selon Jean-Paul Bailly, cette transformation ne modifiera pas la feuille de route de l'établissement. L'entreprise conserve ses missions de service public, à savoir le service universel (distribution du courrier six jours sur sept au même tarif partout en France), l'acheminement de la presse, l'accessibilité bancaire (ouverture d'un compte pour tout citoyen) et l'aménagement du territoire. Elle ne modifie pas la situation des postiers.

Crainte d'une dégradation

Ces propos n'ont toutefois pas rassuré les organisations syndicales, qui craignent une «privatisation» et une dégradation du service public. En fait, plusieurs interrogations demeurent. Tout d'abord, Bruxelles n'impose pas une telle décision. La banalisation du livret A en 2009 et la libéralisation totale du courrier en 2011 ne contraignent pas l'établissement public à modifier son statut. Par ailleurs, si le calendrier semble fixé, les modalités restent floues : à quelle hauteur le capital sera-t-il ouvert ? Qui seront les nouveaux investisseurs ?

En outre, des craintes pèsent sur l'emploi, les syndicats brandissant le spectre d'une privatisation sur le modèle de France Télécom, qui avait entraîné la suppression de nombreux emplois, ou encore la transformation de leur concurrent allemand dans la sphère privée, se traduisant par la fermeture de nombreux bureaux de poste. En outre, le plan 2008-2012, présenté au printemps comme programme stratégique pour l'établissement, faisait totalement l'impasse sur ce projet. Enfin, ils dénoncent l'inversion des rôles entre l'Etat et La Poste. Celle-ci fixant le cap des réformes à venir et le gouvernement restant « fort silencieux ». C'est pourquoi, cinq syndicats de La Poste (CGT, Sud, CFDT, FO et la CFTC) se réunissent le 3 septembre pour définir les actions à venir. Pour l'heure, une journée d'action nationale semble être écartée. Les syndicats réfléchissent à d'autres types de mobilisation (instauration d'un débat public avec les élus, les politiques, les usagers, référendum, pétition...) pour alerter l'opinion. La CFE-CGC et l'Unsa ne participeront pas à cette intersyndicale.