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Enquête

Malaise dans les SSII

Enquête | publié le : 21.10.2008 |

Les mobilisations de 2008 sur le pouvoir d'achat et la revendication d'augmentations collectives sont inhabituelles dans ce secteur.

Entre la grève perlée d'Altran, les conflits salariaux chez Cap Gemini, EDS, Oracle - sans compter les débrayages chez l'éditeur de logiciels Business Objects, où la participation et l'intéressement n'ont pas été versés -, le secteur informatique a connu une sérieuse poussée de fièvre au cours du premier trimestre de cette année. Et la fédération CFDT du secteur a enfoncé le clou, le 12 juin, avec une mobilisation d'ensemble, assez peu suivie néanmoins.

« Le mouvement a ralenti une évolution qu'on croyait inéluctable, se réjouit Yvan Béraud, le patron de la F3C CFDT. Les militants avaient baissé les bras. » Et pourtant, dans ces entreprises qui continuent à avoir besoin de recruter, l'argument des mesures collectives semble avoir porté, alors que la pratique y est rarissime.

Les bas salaires pris en compte

EDS a, par exemple, accepté des augmentations collectives pour l'ensemble des effectifs rémunérés en dessous de la moyenne des salaires de l'entreprise, soit 2 % d'augmentation pour tous les salariés qui perçoivent moins que la moyenne mensuelle de 3 478 euros, le tout avec un talon de 50 euros. « Ce qui représente 1 300 personnes sur un effectif de 2 000 », précise Valérie Pau, DS CFDT.

Par ailleurs, 2 % de progression salariale supplémentaires sont prévus pour ceux qui n'ont pas été augmentés depuis le 1er janvier 2006. L'intersyndicale, qui demandait 3,2 % en augmentation collective, soit l'équivalent de l'augmentation du coup de la vie, a néanmoins accepté de signer rapidement un PV de désaccord fin juillet pour que ces dispositions soient mises en oeuvre sans délai.

Il reste que la direction a imposé une condition liée aux résultats des entretiens annuels d'évaluation. « Nous attendons l'application des mesures ce mois-ci, mais nous évaluons mal qui sera effectivement concerné », reconnaît Valérie Pau. Sans compter que HP, nouveau propriétaire de l'entreprise, a annoncé des réductions de postes.

Chez Cap Gemini, c'est l'incertitude à l'ouverture de la NAO, mais une feuille de route est dévoilée par la direction depuis les séances de discussions avec les syndicats, consécutives aux grèves de mars. « 2 000 personnes ont débrayé, sur 21 000, notamment pour réclamer une part d'augmentation collective dans l'enveloppe prévue », indique un cédétiste.

Rattrapage

En marge de ces réunions, la direction expliquait, de son côté, que la masse salariale de l'UES Capgemini France a augmenté de 2,8 % au titre de 2008 et que 80 % des collaborateurs ont vu leur rémunération progresser à cette occasion. Elle a refusé le principe d'une augmentation globale des salaires, et préféré valoriser l'indemnisation des frais kilométriques et passer les tickets-restaurant de 7 à 8 euros. Néanmoins, le principe d'un rattrapage à hauteur de 1,5 % sur deux ans, au lieu de trois auparavant pour ceux qui n'avaient rien perçu, est envisagé.

Chez Business Objects, où la NAO vient aussi de commencer, c'est sur le non-versement, au titre de 2007, de l'intéressement et de la participation, formes de variable collectif, que se sont mobilisés les salariés, le 22 février dernier.

La direction a invoqué le résultat en baisse de 29 %, notamment en raison d'une imposition aux Etats-Unis et de la croissance des dépenses courantes. Alors que le chiffre d'affaires de la société a bondi de 20 %, les syndicats demandaient des explications et une prime de compensation. Ils ont obtenu 1 200 euros par salarié (contre des primes d'intéressement et de participation représentant en moyenne, jusque-là, quelque 10 % du salaire).

Premières grèves

Dans ce secteur du Syntec, où l'augmentation individuelle au mérite est la règle, plusieurs entreprises ont donc connu la première ou une des premières grèves de leur histoire, sur le thème des augmentations collectives. Il n'est pas certain que ces mouvements structurent les politiques de rémunération des SSII et des éditeurs de logiciels. Il n'empêche, les NAO en cours seront placées sous le signe du pouvoir d'achat.

G. L. N.

GMF : une clause pour prévenir le dérapage de l'inflation

→ Après avoir scruté la courbe de l'évolution des prix depuis le début de l'année, les syndicats de l'assureur guettent, aujourd'hui, la publication par l'Insee des chiffres de septembre. Comme convenu dans l'accord salarial 2008 qu'ils ont unanimement paraphé, c'est en effet sur la base de ce dernier indice qu'un premier réajustement des salaires pourra avoir lieu dans le cas où l'inflation dépasserait les 2 % de progression concédée. Selon les termes de ce même accord, un complément de 0,2 % viendra, en outre, s'ajouter au taux d'inflation constaté à la fin de l'année.

→ Si l'assureur avait déjà, par le passé, assorti son accord salarial d'une clause de sauvegarde similaire, c'est la première fois que les syndicats, alertés par l'envolée des prix relevée en début d'année, obtiennent la possibilité d'un bilan à mi-parcours. Une condition à laquelle la direction, échaudée par l'échec des négociations salariales de 2007, s'est pliée. Satisfait de ces nouvelles conditions, Claude Preston, le délégué syndical central Unsa, n'hésite pas, depuis, à qualifier l'accord GMF de « modèle d'accord salarial » : outre la clause de revoyure, le texte prévoyait également un rattrapage de 0,5 % pour compenser l'écart entre l'augmentation de 2 % attribuée en 2007 et l'inflation constatée, ainsi qu'une augmentation générale de 2 % au titre de 2008 avec un minimum garanti de 700 euros.