Avant que l'actualité financière ne la détrône, la priorité du gouvernement était, incontestablement, la refondation du marché du travail sur les bases d'une critique radicale de la protection de l'emploi. Pour accomplir cette réforme, quatre logiques étaient en lice : la flexibilisation des conditions de fonctionnement du marché du travail ; la flexibilisation partielle ou flexicurité négociée et compensée par des garanties explicites collectivement organisées ; la stratégie de sécurisation des parcours professionnels par la constitution de marchés transitionnels du travail et, enfin, la promotion du travail décent.

Ce dossier rappelle les enjeux et les étapes de cette modernisation, dont l'accord national interprofessionnel sur la modernisation du marché du travail (ANI) du 11 janvier 2008. Quelques mois après l'ANI, d'aucuns notaient déjà que cet accord n'était pas aussi équilibré qu'il y paraissait puisque les flexibilités ont été opérées d'emblée, tandis que les mesures de sécurisation nécessiteront de longues négociations entre les partenaires.

Il y a fort à parier que la tourmente boursière et ses conséquences sur l'économie réelle entraîneront un repli sur la préservation de l'emploi au détriment des conditions de travail, de formation et de rémunération, ce qui ne fera qu'accroître encore le déséquilibre. Pas de chance pour les salariés qui, du fait d'une démographie plus favorable, commençaient juste à être en meilleure position vis-à-vis de l'emploi !