Avec plus de 2 millions de salariés de par le monde, la chaîne américaine de supermarchés Wal-Mart fait partie du top ten des entreprises mondiales. C'est l'employeur privé numéro un, loin devant les géants de l'industrie pétrolière ou automobile.

Le succès de cette entreprise repose, avant tout, sur sa politique de bas coûts pratiquée là où elle est implantée. Partout, Wal-Mart se présente comme le chevalier blanc du pouvoir d'achat. Cependant, ce succès commercial prospère sur une politique de bas salaires et d'emplois précaires, la plupart à temps partiel, mais aussi sur la mise à distance des syndicats et sur une stratégie d'importation systématique de produits d'Asie à des prix défiant toute concurrence.

Wal-Mart est plus qu'une entreprise leader dans son secteur, c'est l'aboutissement du capitalisme globalisé pour le meilleur et pour le pire, c'est-à-dire, notamment, la paupérisation des travailleurs. Tout se passe donc comme si cette enseigne prélevait sur le travail l'avantage des prix dont elle fait profiter le consommateur.

A l'heure où, dans sa logique d'expansion mondiale, le distributeur envisage de s'implanter en France, on peut se demander si nos édiles choisiront le coup de pouce au pouvoir d'achat en faisant jouer la concurrence à la baisse sur le marché de la distribution, ou s'ils opteront, au nom de la fameuse préférence nationale, pour la logique de défense de la qualité de l'emploi. Un dilemme qu'il serait temps de poser sur la place publique avant que les dés ne soient jetés.

Lysiane Baudu est journaliste à La Tribune.

Gilles Biassette est journaliste à La Croix.