A force d'adopter la posture du business partner et de vouloir partager leur fonction avec les managers, devenus «premiers RH», les responsables RH ont fini par perdre de vue l'essentiel : le travail. En conséquence, la GRH doit opérer un retour aux sources de sa légitimité : réinvestir le travail, son contenu, son organisation, et les conditions dans lesquelles il s'effectue. Tel est le credo d'Entreprise & Personnel pour les années à venir (2009-2011).

Pour sa première note d'orientation, intitulée «Travail et engagement : à nouveau, un défi pour la GRH», qu'elle présentait le 15 janvier, Sandra Enlart, nouvelle directrice générale d'Entreprise & Personnel, a fait valoir un droit d'inventaire sur les concepts qui fondent la GRH depuis plusieurs années : « Nous sommes parvenus au bout du modèle du DRH business partner. » « Si les responsables RH se sont effectivement rapprochés du terrain, ils y ont parfois perdu leur âme, en devenant des administratifs débordés et obsédés par les diminutions budgétaires », écrit-elle dans sa note. Quant aux managers, ils sont souvent « incapables d'assumer les différentes missions RH qui leur ont été affectées et se tournent vers les DRH pour qu'ils reviennent à une fonction plus traditionnelle de human partner. Une tendance qui porte en germe le risque, selon elle, d'un « retour à l'ère des «relations humaines» ». D'où la nécessité d'un retour aux sources, mais sans naïveté ni passéisme. « Dans beaucoup de DRH [...], ce sont les chiffres et les articles de loi qui remplacent les discours humanistes », admet Sandra Enlart. Le rôle du DRH responsable et compétent reste donc de sécuriser la DG sur le budget, le droit et les relations sociales. Mais son avenir est dans une « compétence centrale autour de l'articulation entre l'organisation et ceux qui y travaillent ».

Dès lors, deux axes se dégagent sur lesquels les DRH pourraient s'investir. D'abord, l'organisation du travail : « C'est en s'attachant à l'analyse des réalités organisationnelles que les DRH trouveront l'ancrage indispensable pour être force de proposition [...]. » Second axe : les relations au travail. « Cet axe permettra d'aborder de manière lucide les questions de segmentation de population », en vue de comprendre les logiques d'engagement et d'individualisation des populations cibles de plus en plus diverses.