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Enquête

A la recherche de candidats au départ

Enquête | publié le : 03.02.2009 |

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A la recherche de candidats au départ

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4 000 ! C'est le nombre de volontaires au départ que recherche le constructeur Renault, en France, d'ici au 30 avril prochain afin d'adapter son organisation au marasme automobile mondial. Premier bilan ? Mi-figue mi-raisin.

C'est officiel. Les cadres dirigeants de Renault, y compris son Pdg, Carlos Ghosn, ne toucheront pas de prime cette année en raison, dixit ce dernier, « de la performance de l'entreprise [qui n'est pas] au niveau souhaité ». Un joli euphémisme pour pointer les modestes résultats de la marque au losange en 2008 (ventes mondiales en baisse de 4,2 %) dans un contexte de crise économique généralisée. Pour s'adapter à son nouvel environnement concurrentiel, Renault annonçait, l'été dernier, un plan de 4 000 départs volontaires en France (dont 1 000 à l'usine de Sandouville) pour les salariés dits de structure (ouvriers professionnels, employés, techniciens, agents de maîtrise et cadres) sous forme de « retraite anticipée, projet de reclassement, projet personnel, retour au pays ».

Fin janvier, la DRH du groupe se félicitait d'avoir reçu, à ce jour, près de 5 310 collaborateurs en entretien personnalisé depuis l'ouverture officielle du guichet départs à la mi-octobre ; 1 087 d'entre eux ayant, d'ores et déjà, acté leur départ.

Loin du compte

« En moyenne, dans l'industrie, à l'ouverture d'un guichet de départs volontaires, il faut trois entretiens pour aboutir à un départ. On est donc loin du compte », remarque un observateur du dossier. Face à ces départs jugés numériquement faibles, la CGT n'a pas manqué de déclarer qu'elle craignait de nouvelles mesures d'économies de types «accords de flexibilité» sur les sites où ils n'existent pas encore, d'accentuation de la mobilité intersites, voire de « nouvelles mesures de chômage ». Directeur associé chez Algoé, cabinet-conseil qui - avec le cabinet BPI - a été choisi par Renault pour accompagner et conseiller les salariés dans le cadre de ce plan (en tout anonymat, au sein de cellules spécialisées), Jean-François Carrara reconnaît que « si, certes, certains bassins d'emploi concernés sont sinistrés, les mesures contenues dans le plan de départs volontaires sont particulièrement généreuses et peuvent offrir une opportunité unique de réaliser un projet personnel intéressant ».

Atteindre 50 % de l'objectif

DRH France de Renault, Jean Agulhon se veut confiant quant à la réalisation des objectifs de ce plan. « Le contexte économique n'est certes guère favorable depuis quelques semaines, reconnaît-il. Mais nous pensons atteindre au moins 50 % de notre objectif d'ici à fin avril. » Dans cet esprit, la DRH va organiser, dans quelques jours, un forum emploi au Technocentre de Guyancourt, qui rassemblera une trentaine d'entreprises intéressées par les profils des salariés du groupe. « Il y a près de 2 000 emplois à la clé », pointe le DRH.

Quid du risque de laisser partir les compétences clés du groupe à l'occasion de ce plan de départs ? « Il s'agit d'un risque réel, mais les multiples exemples dans l'industrie montrent que les salariés qui quittent volontairement l'entreprise sont généralement représentatifs - en termes de talents - de l'ensemble des collaborateurs de l'entreprise », poursuit le DRH, qui précise que les directions stratégiques du groupe (design, projet de voiture électrique) ont été exclues du plan.

La tentation du repli

A la CFDT, après avoir accueilli « plutôt favorablement » le principe du plan, on se montre, désormais, plus circonspect, conjoncture oblige. « Les salariés sont beaucoup plus prudents, compte tenu du contexte économique, souligne Fred Dijoux, délégué central chez Renault. Dans la mesure où un grand nombre de contrats de prestataires ont été arrêtés fin décembre, un débouché naturel a été stoppé pour les candidats au départ. D'où la tentation du repli sur soi. »

A Sandouville, principal site concerné, 290 salariés ont déjà signé leur départ (selon la direction) sur les 1 000 postes en jeu. Les autres ? Ayant appris, courant janvier, qu'ils ne travailleraient qu'une semaine sur quatre en février, ils se sont mis en grève le 21 janvier. Selon certains syndicats, les conditions de départ ayant été calculées a minima par Renault et se révélant donc très peu motivantes, la direction aura certainement bien du mal à atteindre ses objectifs, le chômage avoisinant les 10 % dans la région du Havre.

Quoi qu'il en soit, Carlos Ghosn s'est engagé, devant l'Etat qui détient 15 % du capital du constructeur, à ne pas fermer le site de Sandouville. La production d'un véhicule utilitaire y est prévue pour 2012.

RENAULT

• Activité : constructeur automobile.

• Effectifs mondiaux : 130 179 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 40,6 milliards d'euros.

PSA : tout faire pour éviter les licenciements «secs»

Fin novembre dernier, PSA Peugeot Citroën annonçait la suppression de 3 550 emplois en France, à travers un plan de départs volontaires (PDV). Ce dernier concerne 2 700 «salariés de structure» (ouvriers professionnels, employés, techniciens, agents de maîtrise et cadres), ainsi que 850 autres collaborateurs de l'usine de Rennes (sur environ 8 000), 900 ouvriers de ce site devant être dirigés vers d'autres usines du groupe.

Mises en place dès janvier 2009, ces mesures prendront fin le 30 juin (fin décembre pour le site rennais). Selon la direction, à travers ce PDV, PSA Peugeot Citroën cherche à ajuster ses coûts à la chute brutale de ses ventes de voitures en 2008. Le groupe, qui redoute une nouvelle baisse de ses ventes mondiales d'au moins 10 % en 2009, avait pourtant déjà fortement réduit la voilure en supprimant 15 000 postes depuis 2007. Ce nouveau plan de départs volontaires est le troisième lancé par le Pdg Christian Streiff, arrivé à la tête du constructeur début 2007. « L'objectif du PDV est que les salariés soient reclassés, puissent élaborer des projets professionnels ou personnels pérennes ou bien partent en retraite », souligne Pierre-Olivier Salmon, à la direction de la communication. Autant de mesures pour tenter d'éviter de recourir à des licenciements «secs».

Petit souci : le contexte de crise économique n'est guère incitatif pour des salariés qui doivent, par ailleurs, subir des journées chômées. Si le premier plan de départs volontaires (mai 2007) a été couronné de succès (6 600 départs sur 4 800 «invités»), le second (janvier 2008) n'a guère séduit (411 candidats sur un objectif de 1 090). « Nous ne tirerons un bilan définitif qu'à la fin desdits plans - global + Rennes. De nombreuses entreprises se sont montrées, d'ores et déjà, particulièrement intéressées par l'expertise technique des salariés de PSA », précise Pierre-Olivier Salmon.

E. D.

PSA

• Activité : constructeur automobile.

• Effectifs mondiaux : 207 850 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 60,6 millards d'euros.