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Régime minceur pour les visiteurs médicaux

Enquête | publié le : 03.02.2009 |

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Régime minceur pour les visiteurs médicaux

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La filiale française des laboratoires pharmaceutiques américains Pfizer mise prioritairement sur des départs volontaires encadrés, pour réduire ses effectifs de façon drastique.

En décembre 2008, Pfizer France annonçait la suppression de quelque 700 postes sur 6 000 en s'engageant « à limiter au maximum l'impact social et humain » résultant de la nouvelle organisation. L'entreprise détaillait alors plusieurs mesures : départs volontaires, formations de reconversion, cessations anticipées d'activité, congés de reclassement, aides à la création d'entreprise et à la mobilité. Le tout destiné à éviter les licenciements économiques ou à en réduire le nombre.

La direction comptabilise précisément 743 postes à supprimer, essentiellement parmi les visiteurs médicaux et parmi les salariés des services marketing médical, RH, informatique, finances et juridique au siège. Ces derniers pourraient toutefois postuler sur quelque 200 à 300 postes chez Pfizer en France et dans d'autres pays d'Europe. « Dans ce contexte, nous avons conclu, mi-décembre, un accord de départs volontaires pour mettre les salariés en mouvement et anticiper des évolutions en interne ou en externe », commente Guy Mazières, directeur des relations sociales. Le texte n'a été signé que par deux syndicats, mais les quatre autres n'ont pas fait opposition. D'après l'accord, toute personne qui a une solution validée - CDI, CDD de plus de six mois, création d'activité ou formation de longue durée - peut se porter volontaire au départ. Avec, à la clé, des indemnités de départ équivalentes au double des indemnités conventionnelles.

Périmètre trop restreint

Thierry Lanes, secrétaire du CE, fait état d'une volonté partagée avec la direction de limiter les licenciements, mais juge les mesures insuffisantes « pour une entreprise qui a de gros moyens et réalise d'importants bénéfices ». De plus, regrette-t-il, « le périmètre est trop restreint... les visiteurs médicaux d'oncologie et de médecine interne n'ont pas accès aux départs volontaires alors qu'ils risquent d'être touchés en cas de licenciements économiques ». Le CE aurait, par ailleurs, souhaité être associé au choix du prestataire pour l'accompagnement.

Guy Mazières ne souhaite pas communiquer le montant du contrat avec Altedia, mais il précise qu'aucune obligation de résultat n'est imposée « afin d'éviter que les salariés ne soient poussés à des décisions qu'ils pourraient regretter ».

Selon la direction, fin janvier, la structure d'information et conseil, installée le 5 janvier au siège, avait mené 130 entretiens concernant une centaine de personnes. Et les bureaux d'Altedia en région avaient, parallèlement, assuré quelque 250 rendez-vous téléphoniques avec 170 visiteurs médicaux et managers régionaux, en attendant les entretiens prévus en face à face. Mais combien se transformeront en départs réels ?

Vingt départs anticipés

Pour l'heure, vingt départs anticipés ont été comptabilisés. Une demi-douzaine concernent des visiteurs médicaux déjà reclassés dans des laboratoires, alors même que l'industrie pharmaceutique tend à supprimer des postes. Les porteurs de projet bénéficient de l'accompagnement des consultants et de l'élaboration d'un business plan avant une double validation - par leur consultant et par le comité de suivi - ouvrant droit à une enveloppe de 10 000 à 30 000 euros selon l'investissement.

Pour les reclassements externes, un droit au retour est prévu en cas de rupture de la période d'essai « pendant la période de consultation », précise Guy Mazières. Car, parallèlement, la direction a prévu la négociation d'un accord de méthode et la consultation du CE sur la future organisation... et d'éventuels licenciements économiques. « Dans ce cas, prévient Thierry Lanes, nous demanderons que les mesures du PSE plus favorables soient appliquées rétroactivement aux départs volontaires. »

PFIZER

• Activité : industrie pharmaceutique.

• Effectifs : 6 000 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 450 millions d'euros.

Les plans de départs sous l'oeil du juge

La société Capgemini Outsourcing l'a appris à ses dépens. Le 16 janvier, le tribunal de grande instance de Nanterre a interdit à la société de mettre en oeuvre les mesures de volontariat et de prononcer les ruptures de contrat de travail sous peine de verser une amende de 10 000 euros par jour et par infraction constatée, jusqu'à ce que la justice se prononce sur le fond.

En effet, fin octobre, la direction du groupe, confrontée à des difficultés commerciales, avait lancé un plan de transformation qui devait concerner un des services de l'activité outsourcing, soit quelque 600 salariés. La direction souhaitait le départ de 250 salariés par des reclassements et entre 122 et 150 départs volontaires. Mais le tribunal a estimé que la direction n'a « nullement justifié que le sureffectif constaté ne pouvait être résorbé dans les 12 mois à venir par des mesures de formation ou de mobilité », comme le prévoyait en pareil cas un accord de GPEC signé en mai 2005 dans l'entreprise. Les juges ont également souligné le risque d'un volontariat contraint « du fait du périmètre choisi pour le plan ». Ils ont, enfin, fait valoir l'insuffisance d'information des institutions représentatives du personnel sur la pertinence et les mesures du plan soumis à leur avis. La CGT s'est félicitée que « tant que l'une des parties en présence n'aura pas saisi le juge de fond pour trancher l'affaire, ou tant qu'un accord de toutes les parties en présence n'aura pas été trouvé, le plan ne pourra se mettre en place ».

A. B.