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« Comment envisager de signer des accords actuellement ? »

Enquête | publié le : 24.03.2009 |

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« Comment envisager de signer des accords actuellement ? »

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Dans le secteur de la construction de motocycles, la crise a commencé en 2002, avec l'arrivée sur le marché des scooters chinois. La crise actuelle est donc venue s'ajouter à une autre, plus ancienne. En janvier 2009, les ventes en France des scooters Peugeot de petite cylindrée ont enregistré une baisse de 17 % par rapport au mois de janvier 2008.

Pas de licenciements

Pour faire face à la baisse structurelle et conjoncturelle de la production, Christian Pellet, le DRH de Peugeot Motocycles, a recours aux départs volontaires et à la prise de RTT contrainte. « Pour le moment, il n'est pas question de plan de sauvegarde de l'emploi, précise-t-il. Peugeot Motocycles est engagé par la promesse de PSA de ne pas licencier en 2009, après que notre maison mère a bénéficié du plan de relance de l'automobile. »

En septembre 2008, Christian Pellet a négocié un plan de départs volontaires dans le cadre d'une GPEC. Celui-ci prévoit 250 départs, toutes catégories confondues, de novembre 2008 à avril 2009. Malgré une indemnité de licenciement majorée - à condition que le partant trouve à se faire embaucher -, une aide de 8 000 euros à la création d'entreprise, et la mise en place d'un «espace emploi mobilité» fort de cinq consultants, ce plan n'est qu'un demi-succès. Il n'a séduit que la moitié des salariés que la direction veut voir partir.

Un marché de l'emploi déficient

« Le frein, c'est le marché de l'emploi : il n'y a pas de travail dans le bassin de Montbéliard, même si le site PSA de Sochaux remonte une quatrième équipe », se désole Christian Pellet. Pour faire face à la baisse des commandes, la direction a également stoppé la production pendant douze jours sur le site de Mandeure, à la fin de l'année dernière. Les salariés n'ont pas été mis au chômage technique mais ont dû poser des JRTT par anticipation. Ils les « remboursent » au cours des deux années qui viennent. L'accord sur le temps de travail, renégocié en avril 2008, permet, en effet, sa gestion pluriannuelle. Le même texte prévoit, en outre, de sortir les pauses du temps de travail. En échange de ce gain de productivité, la direction s'est engagée à développer et à fabriquer en France un véhicule haut de gamme. « Les études sont lancées », déclare Christian Pellet.

Des relations détériorées

Dans ces circonstances, les relations avec les syndicats se sont fortement détériorées. « Je vois encore certains syndicats, mais les plus radicaux se sont encore radicalisés. Il est devenu trop difficile de leur parler », déclare le DRH. Visées, la CGT et la CFDT, qui ont obtenu 49,8 % des suffrages aux élections professionnelles de février 2009. Juste en dessous du seuil pour faire opposition aux accords. « Mais j'ai beaucoup de mal à envisager de signer des accords actuellement », explique Christian Pellet.

Chez les salariés, c'est « l'inquiétude et la lassitude : nos résultats 2008 ont beau être meilleurs que ceux de 2007, les gens baissent les bras ». Christian Pellet essaie tout de même de maintenir leur moral à flot : « Je m'appuie beaucoup sur la valorisation des parcours professionnels : je propose des VAE, des formations-reconversions sur les métiers en tension, des permis moto, afin que les salariés viennent en appui aux testeurs lorsque le besoin s'en fait sentir. »

Communiquer

L'autre levier qu'il active est, bien sûr, la communication... « directe », précise-il. « En période de tension, les managers de proximité ne sont pas à l'aise pour prendre la parole. » C'est donc à la direction de monter au front : communications au personnel, réunions avec les cadres...

Malgré tout, il parvient à relativiser : « Je suis dans les RH depuis 1980. En 1984, j'ai connu la fermeture de Creusot-Loire. Quand une entreprise de 8 000 salariés est liquidée, cela donne une ville morte. Nous n'en sommes pas là à Montbéliard. » Entretemps, les outils de GRH se sont enrichis : « En 1984, le seul dispositif disponible c'étaient les préretraites ; elles n'existent plus. Nous avons gardé de cette époque les cellules de reclassement, que les salariés hésitent encore trop à utiliser. Et puis, les mentalités ont changé : les salariés sont davantage prêts à s'adapter qu'auparavant. Aujourd'hui, les DRH sont mieux armés pour faire face aux crises. »

E. F.

PEUGEOT MOTOCYCLES

• Activité : construction de scooters.

• Effectifs : 1000 salariés, sur deux sites.

• Contexte : contraction du marché mondial de 30% en un an.