«Etudiants en Master 2 recherche, lettres, sciences humaines et sciences : l'entreprise, c'est aussi pour vous ! », annonce un des slogans de lancement de la troisième campagne de recrutement de l'opération Phénix. Elle a commencé, le 9 avril, par un forum réunissant les partenaires : les neuf grandes entreprises (Axa, Coca-Cola Entreprise, Danone, HSBC, L'Oréal, Marine nationale, PricewaterhouseCoopers, Renault, Société générale) et les huit universités d'Ile-de-France : Paris-1 Panthéon-Sorbonne, Sorbonne nouvelle Paris-3, Paris-Sorbonne (Paris-4), Paris-Descartes (Paris-5), Paris-7 Denis-Diderot, Paris-12 Val-de-Marne, Paris-Est Marne-la-Vallée, Cergy-Pontoise. Elle se poursuit par l'intermédiaire d'un site Internet* sur lequel les candidatures peuvent être déposées.

But de l'opération Phénix : « Proposer des postes en CDI, au niveau cadre, dès l'embauche, à des philosophes, historiens, linguistes, mathématiciens, spécialistes d'Hérodote ou de Victor Hugo », explique Bernard Deforge, associé chez PricewaterhouseCoopers et coordinateur de l'opération. « Je m'adresse à ces jeunes universitaires, poursuit-il, en leur expliquant : vos études vous ont appris à apprendre, elles vous ont donné des qualités rédactionnelles et relationnelles. Elles vous ont aussi appris à être synthétiques et efficaces. Ces qualités intéressent les entreprises d'aujourd'hui et de demain. Pour quels métiers ? Auditeur interne, gestionnaire backoffice... Avec Phénix, les entreprises font le pari que vous saurez apprendre rapidement les fondamentaux de ces métiers passionnants, grâce à une formation en alternance de six mois à la vie de l'entreprise. »

A ceux qui s'étonnent d'une telle démarche et qui se demandent pourquoi les entreprises s'intéressent subitement à des diplômes «peu marchands», Bernard Deforge répond : « Parce que les temps changent. Les entreprises partenaires sont convaincues que les formations universitaires d'excellence regorgent de personnalités et de talents. Elles constatent, par ailleurs, qu'au-delà de nos frontières, en Grande-Bretagne notamment, les «humanités» sont le coeur de la formation de bon nombre de cadres brillants. Pourquoi y aurait-il, là encore, une exception française ? »

Bilan des deux premières promotions ? 70 jeunes recrutés en CDI, une seule rupture de période d'essai. Pour cette troisième promotion, deux nouveaux partenaires ont rejoint les rangs : Danone et la Marine nationale. Pourquoi ? Selon Marc-Antoine de Saint-Germain, capitaine de frégate : « Nous avons déjà recruté dans ce vivier de littéraires et de diplômés de sciences humaines par le passé, mais sans action proactive. Nous avons constaté que ces profils étaient tout à fait capables de réussir chez nous comme officiers. » Et, pour Olga Koenig, responsable sourcing RH, Danone France : « La volonté d'accélération de notre croissance nécessite de l'innovation, des façons nouvelles d'aborder les marchés. Nous avons donc besoin de personnalités capables de penser différemment. »

Comme le confesse Pauline Leroy, titulaire d'un Master lettres modernes, aujourd'hui conseillère clientèle pour les particuliers chez HSBC : « Après mon Master, j'ai hésité à m'inscrire dans une école de journalisme. Je ne voulais pas me lancer, à nouveau, dans un cursus avec des débouchés limités. Quant à l'agrégation, les chances de réussite étaient minimes, avec un poste pour des centaines d'inscriptions ! Au fond, j'ai toujours eu envie de connaître le monde de l'entreprise. Pour moi, Phénix était une sortie de secours, une opportunité incroyable pour une littéraire. Qui aurait cru que je travaillerais un jour dans une banque, moi qui suis, à la base, «antichiffres» ? J'ai été très bien intégrée par les équipes d'HSBC qui ne me traitent pas différemment parce que je viens de Phénix. »