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« Il existe un risque d'immixtion dans la gestion des entreprises »

Dossier | L'entretien avec | publié le : 26.05.2009 |

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« Il existe un risque d'immixtion dans la gestion des entreprises »

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E & C : Quelle est la légitimité des mutuelles, institutions de prévoyance et assureurs à se placer sur le champ de la prévention ?

A. T. : Ce sont les assureurs et la mutualité qui, en France, ont créé la protection sociale. Dès lors, ils ont une vocation naturelle à prendre en charge l'assurance des risques professionnels.

Aujourd'hui, de nombreux accidents du travail, notamment les accidents routiers, sont assez souvent liés à des pratiques addictives, alcoolisme chronique, consommation de cannabis, qui peuvent avoir lieu dans la sphère privée, mais aussi avoir des répercussions dans la vie professionnelle. Ce sont des réalités plus complexes à cerner, pour lesquelles les démarches de prévention sont indispensables. Face à ces risques émergents, ces institutions sont tout aussi légitimes pour intervenir que la Sécurité sociale.

E & C : Y trouvent-elles un intérêt «économique» ?

A. T. : Celui-ci est faible, car il n'est pas du tout sûr que ces activités soient rentables. Mais il ne faut pas s'arrêter à cette seule dimension. Agir sur ces domaines donne du sens à l'action de ces organismes.

E & C : Quel peut être l'avantage pour un DRH de s'adresser à sa mutuelle pour organiser des actions de prévention, plutôt que de recourir directement à des prestataires spécialisés ?

A. T. : Certains cabinets de consultants peuvent être suspectés, par des syndicats de plus en plus intéressés aux questions de sécurité en entreprise, d'agir au nom de l'entreprise «payeuse». Le centre de gravité des relations sociales s'est aujourd'hui déplacé sur ce terrain. Un CHSCT pourrait très bien déclencher une mission d'expertise liée aux conditions de travail, suite à l'intervention d'un cabinet d'addictologie... Alors, si le DRH met en avant la «caution d'indépendance» de la mutuelle ou de l'assureur, il limitera ce risque.

E & C : Existe-t-il des limites à l'intervention des organismes de protection sociale auprès des entreprises ?

A. T. : Une des principales limites tient au risque d'immixtion dans la gestion des entreprises. Pour les assureurs, il existe un risque réel de se substituer à l'entreprise, en confondant évaluation, calcul du risque et action sur le risque ! Par ailleurs, la gouvernance des IP relève du paritarisme et les organisations professionnelles, comme les syndicats, ne souhaitent pas déstabiliser le climat social des entreprises.

* Auteur, avec Philippe Arbouch, Des tabous dans l'entreprise, éditions d'Organisation, 2007.

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