A la veille de l'entrée en vigueur du décret du 15 novembre 2006 qui avait banni la cigarette des lieux à usage collectif, les médecins du travail du producteur d'acier Ascometal ont été invités à faire les comptes. « A Hagondange, en Moselle, un des cinq sites de production du groupe, la population de fumeurs avait ainsi été estimée à 230 salariés sur 800, se souvient Marie-Odile Blesch, médecin coordinatrice de l'entreprise. Bien que le tabagisme n'entre pas, à proprement parler, dans la catégorie des risques professionnels, il nous appartenait d'accompagner l'application de la nouvelle législation. » Alors que la nouvelle loi prend effet le 1^er février 2007, un comité de pilotage ad hoc, composé de représentants du personnel, de la DRH et du médecin coordinateur, accorde cependant un délai de quelques mois - jusqu'à début 2008 - aux fumeurs des lieux de travail semi-fermés, de type hall de production, du groupe.

En mars 2007, chaque salarié est invité par courrier à se rendre à une réunion d'information animée par des médecins tabacologues en partenariat avec la complémentaire santé Ionis et l'Office français de prévention du tabagisme (OFT). Ceux qui le souhaitent peuvent également bénéficier de trois consultations de tabacologie, entièrement prises en charge par Ionis pour le site d'Hagondange, et par Ascometal pour les sites affiliés à une autre complémentaire. Sans surcoût de cotisations, Ionis prévoit également le remboursement des substituts nicotiniques à hauteur de 100 euros par an et par personne.

Sur le site d'Hagondange, parmi la cinquantaine de salariés présents à la réunion d'information, 21 candidats au sevrage acceptent l'accompagnement offert. Hors remboursement des substituts, Ionis a soutenu cette première campagne à hauteur de 3 000 euros.

Depuis, le groupe prend soin d'administrer, tous les ans, une piqûre de rappel sur le modèle de la «Journée mondiale sans tabac» organisée chaque 31 mai, depuis 1988, par l'Organisation mondiale de la santé. Prévue le 28 mai prochain, la «journée sans tabac 2009» d'Ascometal sera animée par une campagne d'affichage de l'OFT. En 2008, cette «journée» avait été marquée par l'acquisition d'un testeur de monoxyde de carbone pour chacun des médecins du groupe.

En dépit de quelques rechutes - Ascometal n'a pas établi de bilan précis à ce jour -, le Dr Blesch constaste, aujourd'hui, une baisse notable du nombre de fumeurs sur le site d'Hagondange. Si la cigarette est désormais totalement absente des espaces fermés - bureaux, cantine -, le médecin regrette cependant que le groupe ne parvienne pas encore totalement à faire respecter l'interdiction dans les halls de production. « Les principales difficultés concernent les salariés qui, chargés, par exemple, de surveiller la sortie du métal depuis une cabine surélevée, sont contraints de se faire remplacer pour sortir fumer », précise Marie-Odile Blesch. « On constate, en effet, une relative tolérance de la part de la direction, souligne, de son côté, Alain Hilbold, secrétaire CFDT du site d'Hagondange. Il est malgré tout difficile de faire accepter à des salariés qui inhalent quotidiennement une forte quantité de poussières néfastes dues à notre activité, qu'ils ne sont plus autorisés à en griller une. »