Depuis l'automne, les 247 directeurs de magasin de l'enseigne Sephora (3 008 salariés) ont été formés à la prévention des risques psychosociaux. Une initiative née de plusieurs constats.

« Nos métiers du commerce sont réputés pour leur haut niveau d'exigence créant, parfois, des situations propices au stress et, plus généralement, à une souffrance au travail. Cette pression du chiffre, exprimée dans l'enquête de climat social réalisée tous les deux ans, est encore plus vraie par ces temps de crise. Par ailleurs, nous déployons une politique de communication de notre marque employeur très active, que nous ne voulions pas voir ternir. Enfin, nos différents RRH, répartis dans 11 régions, nous ont fait part, l'année dernière, d'agressions par des clients, voire de braquages. Devant cet état de fait, nous souhaitions accompagner nos directeurs », détaille Sophie Mouhieddine, DRH. Ces managers bénéficient, en outre, du soutien d'une cellule d'aide psychologique de l'association Crise Up au lendemain d'événements tragiques, telle une agression.

En septembre dernier, débutaient les premiers modules, animés par un prestataire extérieur sélectionné par appel d'offres. Au programme : l'identification de l'ensemble des risques psychosociaux et des facteurs qui peuvent générer des impressions de harcèlement, l'importance d'une gestion et d'une animation d'équipe adaptées et, enfin, les éléments d'une réponse managériale.

En termes managériaux, la DRH corporate a, ainsi, déjà introduit des espaces d'écoute « comme les entretiens mensuels réalisés avec les managers de rayon. Ces rencontres régulières doivent nourrir l'entretien d'évaluation annuel avec le directeur », explique-t-elle. Mais elles ne peuvent suffire. C'est pourquoi la responsable a demandé que chaque directeur de magasin déploie son propre plan d'action. « Nous pratiquons le sur-mesure », précise cette dernière.

Aux RRH de suivre ces plans de manière opérationnelle en visitant régulièrement les magasins de leur périmètre, relayés, si besoin, par les membres du CHSCT, mis dans la boucle de cette initiative de lutte contre les risques psychosociaux. « Ils peuvent, en effet, relayer ce volet prévention en magasin et se faire l'écho de certains troubles ou de dérives de pratiques managériales », explique Sophie Mouhieddine.

A terme, la DRH souhaite créer, sur l'intranet, un espace d'échange de bonnes pratiques en attendant un bilan de cette campagne de prévention. Mais la DRH en convient : « Il est difficile, sur un tel sujet, de mesurer les résultats. Cela prendra du temps. »