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Les pratiques

Suisse Les retraites piégées par la crise boursière

Les pratiques | publié le : 09.06.2009 |

La chute des marchés pèse lourd sur un système qui repose majoritairement sur la capitalisation. La Suisse se prépare à une baisse, au moins temporaire, des pensions.

Le modèle suisse de retraite vire au rouge. Le régime de répartition, communément appelé «premier pilier», vient de publier des comptes 2008 affichant un déficit historique de 1,5 milliard d'euros, après six années consécutives de résultat du même ordre... mais en excédent. De plus, une situation de découvert financier caractérise la majorité des caisses de pension publiques ou privées qui forment le «deuxième pilier» : 57 % de ces 2 500 organismes, affiliés pour la plupart à une entreprise ou à une branche professionnelle, ne sont pas parvenus à couvrir l'intégralité de leurs dépenses au 31 mars dernier, et près d'une caisse sur cinq présente un taux de couverture, jugé préoccupant, de moins de 90 %.

Obligatoire au bénéfice des salariés gagnant plus de 13 600 euros par an, ce second pilier est le plus important : l'an dernier, il a distribué à ses 900 000 adhérents un peu plus d'argent que le régime de répartition n'en a versé à l'ensemble des 1,8 million de retraités suisses.

La dégradation s'explique, en partie, par la mauvaise conjoncture, qui a diminué les rentrées de cotisations. Mais la raison principale est à rechercher du côté de la Bourse. Phénomène logique pour les caisses de capitalisation. Le régime de base est également affecté, dans la mesure où il place près des deux tiers de ses recettes en actions et obligations. Or, leur chute en 2008 a entraîné une perte cumulée de 3 milliards d'euros, selon le Fonds de compensation de l'assurance vieillesse, gestionnaire du régime.

Mesures d'assainissement

Le bilan financier ne restera probablement pas sans conséquences sur le niveau des prestations. Le système de répartition devrait passer le cap en dépit de l'évolution défavorable du rapport actifs/retraités, comme partout. Mais les caisses de pension en découvert sont invitées par l'Etat à prendre des « mesures d'assainissement » dans les prochaines semaines. Et les seules économies de gestion ne suffiront pas.

« Dans le contexte économique, faire peser une hausse des cotisations sur les employeurs et les actifs ne paraît pas opportun », reconnaît Colette Nova, secrétaire fédérale à l'Union des syndicats suisses (USS), en charge de la politique sociale.

Les assurés paieront

Les assurés paieront donc la note : l'Etat a décidé de baisser le taux minimal de la rente annuelle que les caisses doivent leur garantir en vertu de la loi, car le maintien des prestations en leur état impliquerait un rendement financier des placements désormais jugé irréaliste.

Selon l'USS, la nouvelle loi en projet se traduirait par une réduction moyenne de la pension de 5,8 %. Elle toucherait, en premier lieu, les bas salaires, selon le syndicat. « Ils comptent sur le second pilier pour s'assurer une retraite décente. Eux ne peuvent pas s'offrir le troisième pilier, formé par l'épargne individuelle. »