Issu d'une famille modeste, sorti de l'école à 12 ans, Emilien Amaury qui, adolescent, n'hésitait pas à faire le coup de poing, fut remarqué par Marc Sangnier, créateur du courant démocrate chrétien Le Sillon. Sous la protection de son mentor, ami d'Aristide Briand et de Léon Blum, Emilien Amaury crée, à 22 ans, une agence de publicité qui lui permet de faire vivre les journaux d'avant guerre issus de cette même tendance.

Accusé d'avoir joué double jeu pendant la Seconde Guerre mondiale en travaillant à la fois pour Vichy et pour la presse clandestine, il tire les marrons du feu au moment de la Libération en devenant président de l'Agence France Presse (AFP), qui succède au collaborationniste Office français d'information, et trouve sa place à la régie du Parisien libéré. Cette double aubaine est sans doute une manière, pour le gouvernement de Gaulle, de solder la dette de reconnaissance contractée vis-à-vis des amis de Sangnier pendant les années d'occupation.

A partir de là, l'ascension de cet homme à la poigne de fer est irrésistible. En quelques années, il acquiert, dirige ou participe à une dizaine de titres aussi prestigieux que l'Equipe, Marie-Claire, Ouest France... Il construit peu à peu un empire de presse dans une lutte féroce avec la CGT du livre à qui il avait pourtant accordé le monopole de l'embauche au lendemain de la guerre.

En 1974, un conflit très dur l'oppose aux salariés du Parisien, qui durera jusqu'à son décès, en 1977, survenu à la suite d'une chute de cheval. Certains, cependant, selon Guy Vadepied, l'auteur de l'ouvrage, qui commença sa carrière publicitaire chez Amaury, contestent encore aujourd'hui cette version accidentelle de la disparition du magnat de la presse.