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Il existe un décalage entre le ressenti et la réalité du déclassement social

L'actualité | L'interview | publié le : 15.07.2009 |

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Il existe un décalage entre le ressenti et la réalité du déclassement social

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E & C : Vous avez coordonné le rapport sur la mesure du déclassement, remis le 9 juillet à Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à la Prospective et à l'Economie numérique. Quel est son principal enseignement ?

M. B. : Il ne faut ni dénier, ni dramatiser le déclassement. Certes, il a légèrement progressé : en 1983, 18 % des Français n'avaient pas maintenu la position sociale de leurs parents, contre près de 25 % dans les années 2000. Mais cette mobilité descendante est minoritaire comparée à la mobilité sociale ascendante qui concerne 37 % des Français dans les années 2000. Il existe un décalage entre le ressenti et la réalité, notamment sur la déqualification : trois ans après la fin de leurs études, seuls 10 % des jeunes diplômés occupent un emploi d'un niveau inférieur à leur diplôme. Les générations d'aujourd'hui affrontent l'écart entre leurs aspirations et les possibilités sociales de réalisation.

E & C : Le rapport insiste sur la transformation des mobilités professionnelles...

M. B. : On observe, notamment, trois phénomènes. L'évolution de carrière se joue de plus en plus jeune, avant 35 ans, voire 31 ans. En outre, les femmes, pourtant plus diplômées, progressent moins dans l'entreprise et sont davantage susceptibles d'être déclassées après une période de chômage. Cette réalité choquante est sans doute liée à la discrimination. Enfin, le déclassement concerne aussi la seconde partie de carrière : un quart des cadres ayant connu une période de chômage après 45 ans sont déclassés.

E & C : Quelles sont les recommandations du rapport pour limiter le risque de déclassement ?

M. B. : Nous préconisons en particulier l'application de l'ANI sur la formation professionnelle, signé en janvier dernier. Le système de formation continue est beaucoup trop inégalitaire, le sentiment d'avoir une seconde chance est réservé aux privilégiés. J'appellerai cela «la prime au promu». Il faut espérer que la nouvelle loi sur la formation changera cette situation.