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Les pratiques

La firme au lion et aux chevrons a fait quasi le plein de départs !

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 25.08.2009 |

Grâce à son plan de départs, le second du genre, PSA Peugeot Citroën allège ses effectifs en douceur pour faire face à la crise. Avec succès, sauf à Rennes, site le plus affecté par la chute des ventes.

Objectif presque tenu ! Au 20 juillet, 3 378 personnes avaient adhéré au plan de départs volontaires lancé le 2 janvier par PSA Peugeot Citroën pour six mois. Soit un chiffre proche de la cible, fixée à 3 550 départs. Stricto sensu, il est vrai, seuls 2 530 salariés ont quitté la place. Belle réussite tout de même, car les trois quarts du plan sont d'ores et déjà bouclés dans un contexte ardu sur le front de l'emploi.

Ce que vise l'industriel ? Dégraisser ses effectifs partout sauf en production afin de rester compétitif sur un marché automobile plombé. « Nos ventes ont chuté de 20 % au premier semestre. Et nous voulons diminuer de 30 % nos frais de structure d'ici à mi-2010 », affiche la direction. Soit réduire la voilure sur la logistique, la qualité, la R & D, la maintenance, le commercial, l'administration. Et ce, sur toutes les catégories : cadres, Etam, «ouvriers professionnels» (OP), le gros des troupes de structure. Les quotas n'étant pas atteints, le constructeur automobile prolonge son plan jusqu'au 31 mars 2010 pour les OP et les Etam dans certains métiers... et pour toute l'usine de Rennes, à la traîne.

Garder les compétences clés

L'industriel n'en est pas à son coup d'essai. L'opération, dénommée Plan de redéploiement des emplois et des compétences (PREC), a déjà eu une «grande soeur», déployée mi-2007, bien avant la crise. Avec succès : 5 500 départs face aux 4 800 attendus, toujours sur du personnel de structure. Il appliquait, pour la première fois, son accord de méthode lié à l'accord de GPEC signé en avril 2007 par tous les syndicats, sauf la CGT. Les dispositifs d'accompagnement (primes, indemnités complémentaires, conseils) pour favoriser les créations d'entreprise, les congés de reconversion ou de longue durée, les projets personnels ou les départs en retraite ont été éprouvés. D'autant qu'il y a eu une suite en 2008 (1 000 départs). Le rôle des cellules emplois mobilité confiées à des cabinets extérieurs tels Altedia ou Sodie, parfois sur site depuis deux ans, a aussi été bien rodé. Les RRH montant les dossiers, les consultants validant les projets. Rebelote donc en 2009, mais avec une précaution supplémentaire. De taille ! PSA s'est, en effet, soucié très tôt de ne pas laisser filer ses compétences clés. « En 2007, certains profils ont été décimés. Et on a dû sous-traiter des travaux à des bureaux d'études extérieurs où l'on retrouvait parfois des anciens de chez nous », se souvient Bruno Lemerle, représentant CGT à Sochaux et membre du comité européen de PSA.

L'entreprise a donc, dès le démarrage, puis au fil de l'eau, fermé les vannes sur les métiers en tension. Parmi les métiers exclus : acheteurs, ingénieurs brevets, cadres et techniciens de la division moteurs, informaticiens, électroniciens, chefs d'équipe, médecins du travail, etc. Autre point fort, l'industriel a facilité les contacts avec des sociétés qui recrutent en montant des forums emploi sur site. L'occasion pour les indécis de se faire une opinion.

Le site de Rennes redoute la rentrée

Aujourd'hui, le bilan est plutôt positif : 16 % des partants vont en retraite ; 15 % créent leur boîte - pizzeria haut de gamme ambulante, cabinet psy, etc. - et 69 % mènent un projet personnel. La plupart des syndicats approuvent. « Il fallait bien alléger la montgolfière, comme ailleurs. On évite les conflits sociaux. Et les gens partent avec le sourire », applaudit Christian Lafaye, délégué syndical central FO. Mais la CGT déplore que le PREC discrimine les salariés en production, surtout les anciens, usés et qui aimeraient partir. « Cela crée des injustices, déplore Bruno Lemerle. Et puis les postes supprimés ne sont pas en lien avec la baisse des ventes. On touche à la R & D, qui planche sur les voitures du futur. » La vraie faiblesse du plan, c'est le site de Rennes. Un site traité à part, puisque spécialisé dans les berlines de haut de gamme, qui souffre d'une chute drastique du marché, près de 30 %. Au point qu'on y distingue trois équipes, celles du matin, du soir et du chômage. Le groupe vise là-bas non seulement à amoindrir le personnel de structure mais aussi celui de production : 900 ouvriers polyvalents sont, ainsi, invités à bouger dans une autre usine en région. Seuls une trentaine ont franchi le pas, comme 67 salariés de structure.

« Les gens ne se bousculent pas. Ils n'ont pas envie d'aller à Paris ou ailleurs, ils ont leur vie ici », explique Michel Bourdon, secrétaire de la CGT-PSA à Rennes et délégué syndical au CCE. Toutefois, 646 personnes de toute catégorie ont accepté de prêter main forte à Aulnay, Poissy, Vélizy, Sochaux ou la Ferté-Vidame, surtout des jeunes. Mais certains vont revenir. Or, les autres sites, fabriquant des voitures de petits ou moyens modèles, vivent une surcharge de travail. Alors, en Bretagne, on redoute la rentrée. Le bruit court que les chefs feront monter la pression pour inciter les opérateurs à bouger.