Une vaste enquête sur le stress et les conditions de travail, dès le mois d'octobre : les 100 000 salariés de France Telecom ont été informés, par intranet, le 25 septembre, de la première action qui sera mise en oeuvre chez l'opérateur par Technologia. C'est, en effet, ce cabinet, spécialisé dans le conseil aux institutions représentatives du personnel, notamment sur les conditions de travail, qui, lors de la première réunion de négociation ouverte sur le stress, le 18 septembre dernier, a été choisi par les partenaires sociaux pour les accompagner. Technologia est aussi intervenu, par exemple, au Technocentre de Renault Guyancourt, après une série de suicides en 2008.

Outre cette étude quantitative, qui sera réalisée en ligne auprès des salariés, entre fin octobre et mi-décembre, pour les aider à exprimer leurs difficultés, la mission confiée à Technologia comprend plusieurs diagnostics, qui permettront aux syndicats et à la direction de poursuivre leurs négociations sur les conditions de travail. Ils chercheront à déterminer les raisons du mal-être qui, notamment, a poussé 23 personnes au suicide depuis dix-huit mois.

L'enquête, élaborée sur la base des modules de mesure du stress de Karasek et Siegrist, sera complétée d'un volet réalisé sur le terrain, auprès de tous les métiers, pour identifier les facteurs de risques psychosociaux.

Le cabinet doit aussi réaliser une étude documentaire sur la base de tous les rapports établis par les CHSCT du groupe, ou de leurs experts missionnés depuis dix-huit mois, soit plusieurs dizaines. Il mènera également une «postvention» des crises ayant donné lieu à un passage à l'acte de salariés désespérés, analysant tous les facteurs ayant conduit à une trentaine de drames (si l'on considère les tentatives de suicide). Ces trois missions devraient être achevées avant la fin de l'année. De quoi alimenter la négociation sur les cinq chantiers ouverts par les partenaires sociaux : organisation du travail ; conditions de travail ; conciliation vie privée/vie professionnelle ; fonctionnement des institutions représentatives du personnel ; et mobilités.

A la fin de l'année, des mesures d'urgence devraient être arrêtées sur la base des premiers enseignements recueillis. Le travail de fond continuera alors, interrogeant l'organisation du travail, « voire les objectifs et le modèle économique de l'entreprise », espèrent les syndicats, pour permettre l'élaboration d'un plan de prévention efficace.