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MORALISER LE CAPITALISME ? Anne Salmon, CNRS éditions, 264 pages, 25 euros.

Enjeux | Livres | publié le : 03.11.2009 |

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MORALISER LE CAPITALISME ? Anne Salmon, CNRS éditions, 264 pages, 25 euros.

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Considérés parfois comme un simple phénomène de mode destiné à se concilier les faveurs des consommateurs et des sociétés civiles, les chartes sur la responsabilité sociale des entreprises et autres discours éthiques ont pu être interprétés par certains comme une tentative pour moraliser le capitalisme. L'argument de cette seconde thèse étant que la sphère économique intégrait, enfin, progressivement, bien qu'avec un certain retard, les valeurs de l'humanisme.

La convocation par les nouvelles formes de management de ce qui fait la grandeur de l'homme - à savoir son autonomie, son sens critique, sa motivation... - ont semblé corroborer cette place privilégiée qui lui était donnée, au centre du système de production... Jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que l'intériorisation des exigences de performance était un moyen redoutable de renforcement de l'aliénation des individus, obligés de fonctionner selon la logique du toujours plus.

Anne Salmon, philosophe, explique en quoi cette nouvelle éthique du capitalisme est, en fait, une « économisation » de l'éthique, qui tend à déprimer non seulement les individus, mais les valeurs elles-mêmes.

En s'appuyant sur de nombreux exemples, notamment des cas d'entreprises comme la Société générale, où l'auteure confronte discours et pratiques, son analyse, à l'heure de la crise, prend tout son sens, quand l'actualité est déchirée entre les conséquences économiques et sociales dramatiques de l'effondrement du système financier et les scandales à répétition concernant la rémunération des grands patrons ou des traders.

Anne Salmon est philosophe, professeure à l'université Paul-Verlaine de Metz.