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La «Sécu» va enfin savoir ce que pensent ses salariés

Enquête | publié le : 03.11.2009 |

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La «Sécu» va enfin savoir ce que pensent ses salariés

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Afin d'être en prise directe avec les salariés de ses multiples organismes, la direction de la Sécurité sociale vient de se doter d'un baromètre social.

Entre le 6 avril et le 15 mai dernier, 27 000 salariés de la Sécurité sociale ont répondu, par Internet, à une enquête de climat social. Temps de travail, conditions de travail, management, formation, rémunérations, mais aussi risques psychosociaux et mutualisations dans le cadre des futures agences régionales de santé : en une cinquantaine de questions, le «baromètre social institutionnel» a balayé l'ensemble des thèmes RH, des plus classiques aux plus spécifiques. Le temps que les résultats fassent le tour des différentes instances, ils devraient être rendus publics après le 10 novembre. BVA, le prestataire du baromètre, renouvellera l'opération au cours des deux années qui viennent.

Fédération de petits employeurs

Il s'agit d'une première pour la «Sécu», qui dispose, désormais, d'un outil pour connaître les aspirations de ses 165 000 salariés, en vue, notamment, de négocier des accords collectifs. Car la direction de l'institution était, jusqu'à présent, dans une situation assez inconfortable. Derrière une apparente unité, la Sécu est, en fait, une fédération de petits employeurs - il y a environ 500 organismes dont la moitié emploie moins de 200 salariés - sans personnalité juridique pour négocier des accords. Cette tâche incombe à l'Union des caisses nationales de Sécurité sociale (Ucanss) qui, elle, n'est pas employeur. Cette structure, qui se définit comme une «fédération d'employeurs» et pour laquelle travaillent 240 salariés - essentiellement des experts -, a pour mission « d'assurer des tâches d'intérêt commun pour les caisses nationales (Cnam, Cnav, Cnaf et Acoss) », notamment la négociation de la convention collective. Pas facile lorsqu'on n'est pas soi-même employeur et qu'on ne sait pas exactement ce que veulent les salariés.

« Jusqu'à présent, nos «capteurs» étaient, d'une part, les directeurs d'organismes et, d'autre part, les fédérations syndicales qui ne sont pas toujours en contact avec leurs organisations locales ; il nous manquait donc la perception directe des salariés », explique Bernard Meunier, directeur adjoint de l'Ucanss. Le baromètre fait partie du «projet d'entreprise» pour la période 2007-2010, baptisé «Ucanss 2010». La décision de le créer date donc d'avant la vague de suicides chez France Télécom. Mais, a posteriori, Bernard Meunier estime que « le baromètre doit nous permettre d'anticiper de tels événements et d'apporter des réponses ».

Outils de veille interne

L'Ucanss s'est, en outre, dotée de deux autres outils de veille interne qu'elle réalise elle-même : des études thématiques (recrutement, formation des seniors...) et, surtout, une note trimestrielle de conjoncture sociale sur les stratégies syndicales, les revendications émergentes, les contentieux... produite par un réseau de «veilleurs internes» (directeurs et DRH d'organismes).

Plus que d'un baromètre, il s'agit en fait de trois baromètres. Une première série de questions concerne l'ensemble des branches de la Sécu, mais chaque branche a également la possibilité, moyennant finances, de poser ses propres questions, de même que chaque organisme local. L'Ucanss établit l'échantillon interbranches, après quoi, les organismes intéressés pour avoir leur propre baromètre s'agrège ; les résultats sont redressés en conséquence.

50 % de participation

L'un dans l'autre, 27 000 salariés ont répondu, soit un taux de participation de 50 %. Pour cela, ils devaient se connecter, à l'aide d'un mot de passe, sur le site de BVA. Deux branches sur quatre ont participé, ainsi que 120 organismes locaux. « C'est ainsi que nous avons vu remonter des questions sur les fusions et les mutualisations, et sur les risques psychosociaux », remarque Bernard Meunier. Le seul résultat que ce dernier accepte pour l'heure de fournir concerne l'intéressement : « Alors que très peu de syndicats y sont favorables, les salariés en ont, au contraire, une bonne perception. »

Manque de concertation avec les syndicats

« L'idée du baromètre est bonne : nous souhaitons un employeur en capacité de négocier ; le problème est que le questionnaire a été élaboré sans concertation avec les organisations syndicales et que les résultats serviront sans doute davantage à justifier la politique de l'Ucanss qu'à prendre en compte les problèmes », fait-on valoir côté syndical.

Il aura fallu environ deux ans pour aboutir : du montage du groupe projet, en décembre 2007, jusqu'à l'administration du baromètre, au printemps dernier, en passant par l'appel d'offres, en juillet 2008, et le choix du prestataire, en novembre 2008. Selon nos informations, le baromètre coûtera environ 900 000 euros à la Sécu, dont 350 000 euros la première année.

LA SÉCURITÉ SOCIALE

• Activité : assurance maladie, famille, vieillesse, recouvrement.

• Effectifs : 170 000 salariés, dont 98 % couverts par la convention collective, répartis dans 500 organismes.