E & C : PricewaterhouseCoopers a publié, le 19 novembre, la 5e édition de son étude mondiale sur la fraude dans les entreprises*. Quels en sont les principaux résultats ?

D. P. : 46 % des entreprises de plus de 1 000 personnes ont été victimes d'une fraude dans les douze derniers mois. Ce taux tombe à 26 % dans celles de 200 à 1 000 salariés et à 15 % dans les moins de 200. Ces chiffres ne prouvent pas, selon nous, la plus grande vulnérabilité des grandes entreprises, mais plutôt la moindre capacité de détection des plus petites. En matière de types de fraude, l'enquête montre la prépondérance des détournements d'actifs (67 %), suivis des fraudes comptables (38 %).

E & C : Comment expliquez-vous cette inflation ?

D. P. : La crise fournit un climat propice au risque de fraude ; 40 % de l'échantillon en est convaincu. Les causes en sont la pression au travail - facteur évoqué par 68 % des entreprises -, qui se concrétise par «des objectifs plus difficiles à atteindre» et, s'ils ne sont pas atteints, «la peur de perte d'emploi». Cela peut amener certains à truquer les chiffres pour répondre aux attentes de l'entreprise et/ou pour toucher leur bonus. Par ailleurs, les opportunités de fraude s'accroissent du fait des réductions d'effectifs dans les équipes affectées au contrôle.

E & C : Qui sont ces salariés fraudeurs et comment se prémunir contre leurs agissements ?

D. P. : En 2009, 42 % des fraudeurs appartiennent, et c'est assez nouveau, au middle management (26 % en 2007), mais autant sont des employés (48 % en 2007). L'une des parades pour éviter la fraude est de revenir à la fixation d'objectifs réalistes, sous étroite supervision du management. Et, enfin, d'afficher une tolérance zéro. Le licenciement du fautif intervient dans 85 % des cas (40 % en 2007).