L'hémorragie d'emplois n'aura finalement pas pris fin au troisième trimestre. Alors qu'une estimation provisoire, publiée il y a un mois, faisait apparaître une spectaculaire décélération, l'Insee a annoncé, le 10 décembre, que les destructions d'emplois s'étaient poursuivies entre les mois de juillet et de septembre à un rythme proche de celui du trimestre précédent (80 700 contre 87 000).

Selon Pôle emploi, qui publiait, le même jour, ses résultats pour le troisième trimestre, la seule bonne nouvelle aura été le redémarrage de l'intérim, qui aurait permis de créer 43 000 postes, dont 21 000 dans l'industrie, 17 000 dans le tertiaire et 5 000 dans la construction.

Avec un premier trimestre calamiteux (178 700 pertes d'emplois selon l'Insee), 2009 restera, de toutes façons, dans les annales comme annus horribilis avec une contraction de l'emploi de 2,2 %. En marge des chiffres du troisième trimestre, Pôle emploi a également livré, pour la première fois, ses projections pour l'année 2010. Estimant que le « pic des destructions d'emplois devrait vraisemblablement être atteint fin 2009 ou dans les premiers mois de 2010 », l'organisme public ne croit pas que le retour annoncé de la croissance, s'il permet d'en limiter le rythme de destruction, suffise à créer des emplois. « Dans un premier temps, les employeurs réduiront leur recours au chômage partiel, qui a joué, en 2009, un important rôle tampon, explique Bernard Ernst, directeur des statistiques, enquêtes et prévisions. Les entreprises qui n'ont pas forcément eu le temps d'adapter leurs effectifs, du fait de la brutalité du retournement de conjoncture, disposent, d'autre part, d'une réserve de main-d'oeuvre leur permettant de faire face à la reprise sans avoir besoin d'embaucher. »

En 2010, Pôle emploi prévoit 62 000 nouvelles destructions d'emplois (contre 325 000 cette année). Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A devrait également poursuivre sa progression, dans une moindre mesure, avec 86 000 nouvelles inscriptions (contre 468 000 en 2009).

Selon le Baromètre Manpower des perspectives d'emploi, publié le 8 décembre, les entreprises françaises n'anticipent pas d'évolution de leurs effectifs pour le premier trimestre 2010 : si 6 % d'entre elles prévoient une baisse, elles sont, en effet, autant à attendre une augmentation.

Bien que modestes, les prévisions les plus favorables sont enregistrées dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration (+7 %) et dans celui des activités financières, de l'immobilier et des services aux entreprises (+4 %). Les employeurs les plus pessimistes sont ceux de la construction (-5 %), du transport et de la logistique (-4 %).

Optimisme des entreprises du Nord

Au niveau régional, ce sont les entreprises du nord de la France qui se révèlent les plus optimistes (+6 %), tandis que les perspectives s'assombrissent en Ile-de-France et dans l'Ouest (-2 % et -1 %).

A. D.