E & C : Selon l'enquête (1) du ministère de l'Enseignement supérieur sur la perception des formations lettres-langues-sciences humaines et sociales (LLSH), 81 % des recruteurs et 87 % des étudiants de ces filières pensent que trouver un emploi dans le privé est difficile quand on est diplômé de LLSH. A quoi cela tient-il ?

M. B. : On observe un manque de lisibilité réciproque entre l'université et les entreprises, lié à la faiblesse du dialogue entre ces deux univers. Ainsi, 65 % des recruteurs souhaiteraient avoir une meilleure information sur ces filières, tandis que 81 % des étudiants reconnaissent leur manque d'expérience en entreprise. Trop de diplômés de l'université, y compris des docteurs, n'ont jamais été en contact avec l'entreprise.

E & C : Plus de 90 % des recruteurs reconnaissent pourtant de grandes qualités à ces diplômés, dans l'expression orale ou écrite, la sensibilité au facteur humain...

M. B. : En effet, mais ce chiffre doit être relativisé au regard du niveau d'embauche. Trop peu d'entreprises sautent le pas. Et, d'une façon générale, les postes proposés à des diplômés de LLSH sont souvent en dessous de leur niveau, que ce soit dans les missions ou la rémunération.

E & C : Quelles sont les pistes d'amélioration ?

M. B. : L'université doit, notamment, prévoir un véritable accompagnement - bureau de stages, référents, modules de sensibilisation... - pour amener les étudiants à rencontrer les acteurs de l'entreprise ; 61 % des étudiants souhaiteraient que leurs diplômes soient valorisés auprès des entreprises par des cabinets de recrutement spécialisés ; c'est un peu ce que nous faisons dans notre association. Du côté des entreprises, un certain volontarisme est nécessaire. Des postes RH dédiés pourraient être créés sur ces questions.