L’arbre de Noël aurait-il du plomb dans les branches ? Longtemps incontournable, ce rendez-vous qui est quasiment né avec les comités d’entreprise est aujourd’hui moins en vogue. Paraît-il que l’individualisme ambiant pousse les salariés à préférer le chèque-cadeau. Et à bouder le goûter avec les enfants, les collègues et, les bonnes années, M. Dugenou, le petit jovial des services généraux, déguisé en Père Noël. Sans oublier Bozo le clown et son petit accordéon qui joue en boucle Le travail, c’est la santé. C’est sûr qu’après avoir échangé quelques propos édifiants avec ses collègues (« T’as vu la tronche au p’tit Duboss ? Le portrait d’son père avec ses grosses lunettes et sa raie sur le côté »), fini les trois briquettes de jus de pomme entamées par Arthur, calmé Joséphine qui voulait « la mêêêême Barbiiiie » que la fille de la DRH et ramené tout le monde à la maison les mains collantes et les cheveux en l’air, on se dit que même le prix de la convivialité a beaucoup augmenté…

“Ne vous croyez pas à une fête à tout casser chez vos meilleurs amis. Buvez une coupe de champagne et tenez-vous-en là. Surtout si vous savez que l’alcool a chez vous des effets désinhibants : dans ce cas, vous êtes en grand danger. Gardez bien cela en tête avant d’avaler votre cinquième verre. Cela vous évitera de vous jeter sur la secrétaire du troisième pour l’embrasser goulûment sur la bouche.”

Laurence Caracalla, le Carnet du savoir-vivre au bureau (éd. Flammarion-Le Figaro, 2009).

Parce qu’en temps de crise ça fait bizarre de faire la fête, mais aussi parce que les salariés en redemandent, le chèque-cadeau a le vent en poupe. Il représente aujourd’hui plus de 70 % des cadeaux distribués par les entreprises. Conçu au début comme un bonus pour le Noël des enfants, il ressemble toutefois de plus en plus à une prime déguisée. Cette activité née en 1983 et actuellement relayée par les coffrets-cadeaux affiche un taux de croissance de plus de 10 % par an. Elle est dominée par quelques acteurs puissants comme TirGroupé, le pionnier, filiale de Sodexo ; Cadhoc, du Groupe Chèque Déjeuner ; et Kadéos, chez Accor Services.

« La contribution versée chaque année par l’employeur pour financer des institutions sociales du comité d’entreprise ne peut, en aucun cas, être inférieure au total le plus élevé des sommes affectées aux dépenses sociales de l’entreprise atteint au cours des trois dernières années précédant la prise en charge des activités sociales et culturelles par le comité d’entreprise, à l’exclusion des dépenses temporaires lorsque les besoins correspondants ont disparu. » Art. L. 2323-86 du Code du travail.

Enguirlander, avoir les boules, ça sent le sapin… Le registre conifère ne manque pas de piquant.