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Idées

Les dégâts sociaux de la crise

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.12.2009 | Bernard Brunhes

UN CHOMAGE QUI PERSISTE ET FRAPPE INEGALEMENT

L’Insee annonce que le PIB a crû au troisième trimestre. Le même jour, Peugeot Citroën présente un plan de réduction de ses effectifs. L’accroissement du chômage va se poursuivre. Parce que les employeurs ont commencé par utiliser les moyens d’amortissement dont ils disposaient : fin de CDD, réduction du travail intérimaire, chômage partiel, mesures d’accompagnement des plans sociaux, comme les contrats de transition professionnelle ou les conventions de conversion. Il faut s’attaquer maintenant aux contrats à durée indéterminée, sans le secours des amortisseurs. En outre, la crise s’est étendue progressivement à de nouveaux secteurs à leur tour en difficulté. Or beaucoup de ceux qui perdent leur emploi n’en retrouveront pas. Travailleurs non qualifiés, salariés au statut précaire, travailleurs des industries ou des métiers bientôt obsolètes : dans une période de profond changement, ceux qui tombent du train ont peu de chances de pouvoir monter dans le suivant. Ceux-là allongeront la liste des chômeurs de longue durée, des titulaires du RMI ou du RSA, sans guère d’espoir de s’en sortir.

UN AVENIR SOMBRE POUR LES NON-QUALIFIES

De récents travaux de prospective conduits par la Dares et le Centre d’analyse stratégique font apparaître un déséquilibre aggravé à venir entre les offres et les demandes d’emploi pour la main-d’œuvre non qualifiée : un chômage très élevé, qui contrastera avec un marché du travail tendu pour les plus diplômés. Au moment où, à juste titre, on développe une stratégie économique fondée sur la recherche, les hautes technologies, l’enseignement supérieur, les activités à haute valeur ajoutée, la résorption de ce déséquilibre nécessite à la fois un développement des services aux particuliers et un effort de formation des moins qualifiés.

L’URGENCE D’UNE VRAIE POLITIQUE DE LA VILLE

Notre société, comme le montre le dernier « Portrait social » de la France de l’Insee, voit les inégalités s’accroître. Premiers touchés par la crise, les habitants des quartiers urbains et périurbains défavorisés voient leur situation s’aggraver. L’échec de l’Éducation nationale dans la formation des jeunes d’origine étrangère de ces quartiers, l’insuffisance du parc de logements sociaux, des budgets de prévention et d’animation inexistants, tout cela risque de prendre un relief dramatique. Le plan « espoir banlieues » porté par Fadela Amara est une goutte d’eau dans cet océan. Budget minimal, désintérêt de ses collègues du gouvernement, bureaucratie triomphante. Plutôt que de disserter sur l’identité nationale, pourrait-on suggérer que les élus locaux, les responsables politiques de tout bord, les chefs d’entreprise, les syndicats, les multiples associations qui œuvrent dans ces domaines construisent ensemble un programme qui réponde à cette grande cause nationale, l’emploi, le logement, la vie des hommes et des femmes qui vivent dans ces quartiers urbains ou périurbains, premières victimes de la crise ?

Auteur

  • Bernard Brunhes