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Enquête

“Je n’accepte pas que le travail salarié et l’esprit d’entreprise soient bafoués par les rémunérations et les privilèges excessifs que s’octroie une toute petite minorité de patrons”

Enquête | publié le : 01.03.2010 | S.B.

Fini l’exubérance du printemps 2007. Affichant volontiers ses amitiés patronales en début de mandat, Nicolas Sarkozy a opté, après la débâcle économique, pour plus de discrétion. Devenu le chantre de la « moralisation du capitalisme financier », le chef de l’État a maintes fois dénoncé les comportements de quelques patrons voraces qui, malgré leur échec, se sont octroyés des rémunérations jugées indécentes. En ligne de mire, Daniel Bouton (Société générale) ou Thierry Morin (Valeo). Des dérives combattues par voie réglementaire avec, au printemps 2009, deux décrets visant à interdire stock-options, actions gratuites et retraites chapeaux dans les entreprises aidées par l’État. Une mesure symbolique : valable jusqu’à la fin 2010, elle ne concerne qu’une poignée de dirigeants de la banque et de l’automobile.

Pas de contrainte formelle pour les autres. L’Élysée s’en est tenu aux promesses patronales d’autorégulation, Laurence Parisot n’ayant de cesse de vanter les mérites du code de bonne conduite Afep-Medef publié à l’automne 2008. Au printemps, le gouvernement avait certes fait monter la pression d’un cran en exigeant du Medef la création d’un comité des sages sur les rémunérations. Présidée par l’ancien patron d’Axa, Claude Bébéar, l’instance s’est montrée d’une discrétion assourdissante. « À ma connaissance, il se serait réuni deux fois. Mais on ne sait même pas qu’elles étaient les entreprises concernées », confie un membre du comité éthique du Medef.

« Nicolas Sarkozy s’en tient à des discours incantatoires. Sa main droite ignore ce que sa main gauche fait. En tant qu’actionnaire, l’État ne prend même pas ses responsabilités », dénonce Pierre-Henri Leroy, patron du cabinet Proxinvest. Illustration éclatante avec la récente affaire de la double rémunération d’Henri Proglio, à la fois P-DG d’EDF et pré­sident du directoire de Veolia Environnement. La moralisation du capitalisme financier reste aussi à faire. Hormis un arrêté publié en novembre 2009 encadrant les rémunérations des traders, rien n’a changé dans le monde de la finance. Lors du Forum de Davos, fin janvier, le chef de l’État n’a fait que répéter ce qu’il dénonce depuis la crise financière de l’automne 2008.

« Nicolas Sarkozy dénonce et s’indigne mais, au niveau des actes, on est très loin du compte. Il montre l’impuissance du politique par rapport à la surpuissance des spéculateurs », analyse la sociologue Anne Salmon, auteure du récent Moraliser le capitalisme ? (CNRS Éditions). La donne pourrait changer si la France emboîte le pas à Barack Obama dans sa volonté de scinder banques de détail et banques d’affaires.

Une moralisation toute symbolique

Auteur

  • S.B.