En dix ans, la reconnaissance de cas de maladie professionnelle (MP) a crû de 13,5 %, plaçant la France en haut du podium européen, avec 282 nouvelles victimes reconnues tous les ans pour 100 000 salariés, contre seulement 40 en Allemagne (voir graphique). Plus de 80 % des MP reconnues par an sont liées aux troubles musculo-squelettiques (TMS) et 11 % à l’exposition à l’amiante, indique le rapport de gestion 2009 de la branche accident du travail-maladie professionnelle (AT-MP) de l’Assurance maladie. « Les phénomènes relatifs aux TMS et à l’amiante masquent toutes les autres pathologies professionnelles », regrette néanmoins Stéphane Seiller, directeur des risques professionnels de la Caisse nationale de l’assurance maladie. Il invite les médecins à être plus attentifs aux autres pathologies qui pourraient être d’origine professionnelle. Chaque année, l’Assurance maladie reçoit 80 000 déclarations de MP ; un médecin traitant repère donc moins de deux cas de maladie professionnelle par an. En Nord Picardie et en Normandie, une expérimentation menée par l’Assurance maladie a permis de déceler la sous-déclaration des cancers de la vessie en risque professionnel. On compte 10 500 cancers de ce type chaque année, et même si leur première cause reste le tabac, certains produits comme le goudron peuvent entraîner cette pathologie. La branche AT-MP estime que 5 à 25 % des cas de cancer de la vessie pourraient être d’origine professionnelle. L’Assurance maladie a repéré depuis 2008 les cas de cancer de ce type qui pouvaient être liés au risque professionnel et observe, aujourd’hui, dans ces régions tests, leur triplement.