logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Une retouche précipitée de la réforme des retraites

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.12.2011 | Michel Yahiel

UN PACTE SOCIAL INSTABLE

La crise et les plans de rigueur qu’elle suscite à répétition dans l’ensemble de l’espace européen soulèvent de nouveau, entre autres interrogations, celle de la stabilité du pacte social.

Ainsi les nouvelles mesures annoncées en France sur l’avancement de la date d’effet de la réforme des retraites prennent de court à la fois les Français concernés et les partenaires sociaux. Fallait-il, pour un rendement d’environ 200 millions d’euros en 2012 – certes rapidement progressif par la suite – retoucher un dispositif dont l’encre était à peine sèche, au risque que la très faible compréhension et la forte conflictualité du sujet ne continuent, l’une comme l’autre, de s’aggraver ?

On objectera que la recherche d’économies, de recettes nouvelles et de signes forts pour les marchés sont rarement bonnes conseillères, surtout quand l’exercice doit s’opérer dans l’urgence. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas en profiter pour redonner de la lisibilité à un plan d’ensemble ? À cette aune, le retour, bienvenu même s’il est partiel, sur le taux réduit de TVA dans la restauration pèse peu au regard du maintien de l’essentiel du dispositif Tepa sur les heures supplémentaires, pourtant dénoncé à longueur de rapports officiels. En l’occurrence, l’occasion de la crise n’aura pas fait le larron du bon sens…

L’EMPLOI DES JEUNES EN DÉBAT

Le débat suscité par le projet de « contrat d’avenir », mis en avant par François Hollande, rebondit avec le récent rapport de l’Institut Montaigne sur la formation professionnelle (« Formation professionnelle : pour en finir avec les réformes inabouties »). Car au-delà des avis très contrastés que cette proposition et ce réquisitoire suscitent dans les milieux spécialisés, l’un et l’autre renvoient à un constat pour le coup partagé : la France parvient encore moins bien que ses voisins à proposer un avenir professionnel à ses jeunes, a fortiori les moins qualifiés. La démographie soutenue de notre pays, qui lui apporte tant par ailleurs, est ici une contrainte, qui tend à reproduire nos difficultés dans la durée.

Depuis des décennies, de contrats de solidarité en emplois aidés, exonérations ciblées et autres contrats première embauche (CPE), tous les gouvernements ont en vain affronté ce vaste défi, tandis que le dialogue social interprofessionnel échouait aussi à définir de nouvelles voies. À n’en pas douter, ce sujet sera au centre de la campagne de l’élection présidentielle, car il interpelle tous les Français. Les grands candidats devront résoudre le hiatus habituel : présenter leurs propositions sans empiéter sur les futures négociations, sauf à pêcher ou par manque de précision ou au contraire par « intrusion » excessive dans le champ conventionnel.

Quoi qu’il en soit, que l’emploi et plus généralement l’avenir des jeunes fassent l’objet d’une grande rencontre dès l’été 2012, entre l’État, les organisations professionnelles et bien entendu les principales collectivités locales, sera absolument indispensable : ce genre d’événement doit se préparer longtemps à l’avance, afin de ne pas passer trop de temps le moment venu à « discuter de la discussion ».

Auteur

  • Michel Yahiel