Betty, jeune migrante africaine, échoue sur une plage en Grèce. Commence alors un voyage douloureux à travers l’Europe en crise. La jeune femme y découvre la souffrance des milliers de migrants partis avant elle, survivant le long de voies ferrées, entassés dans des centres de rétention dans l’attente d’un laissez-passer. La caméra suit au plus près Betty, médusée par la misère de nombreux Européens aux vies saccagées par la crise. Elle rencontre la route des Indignés, insurgés pacifiques, hurlant leur refus des politiques d’austérité. « Tous les jours tes il­lusions croisent les nôtres », lit-elle sur les murs d’un complexe immobilier à l’abandon, en Espagne.

Entre documentaire et fiction, le film de Tony Gatlif se veut une adaptation libre de l’essai de Stéphane Hessel. Succession de longs plans-séquences, slogans jetés à l’écran, absence de commentaires…, le réalisateur livre un film engagé mais brouillon.

Le spectateur accompagne Betty, de Grèce en France puis en Espagne, après un détour par la Tunisie, alors que l’intérêt du film réside dans le regard désenchanté de la clandestine sur l’Europe. La candeur de Tony Gatlif agace aussi. Stéphane Hessel dénonce « la liberté incontrôlée du renard dans le poulailler » ? Et le réa­lisateur de filmer des poules épouvantées par l’animal. Une traduction littérale qui fait sourire.

Indignados, film (1 h 30) de Tony Gatlif. Sortie le 7 mars.