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Éditorial

Fatales réorganisations…

Éditorial | publié le : 01.04.2012 | Jean-Paul Coulange

Personne ne conteste la nécessité d’une profonde mutation de La Poste, l’un de nos monuments nationaux. Sous la poussée d’Internet, de Facebook, Twitter et des téléphones mobiles, il est clair que l’opérateur historique du courrier doit redessiner ses métiers, engager une diversification vers d’autres activités, revoir son organisation et son implantation territoriale ; adapter, aussi, ses effectifs à cette nouvelle donne, sur fond de libéralisation du secteur postal et de concurrence exacerbée. Un scénario bien connu de France Télécom, issu, comme La Poste, de l’ancien ministère des PTT, dont les deux entreprises publiques étaient, il n’y a pas si longtemps encore, des directions. Mais les comparaisons s’arrêtent là.

La transformation de France Télécom s’est faite à la hussarde, sous la houlette d’une équipe dirigeante experte en matière financière et en nouvelles technologies. Mais beaucoup moins dans le management des hommes. À la tête de La Poste depuis bientôt dix ans, Jean-Paul Bailly est, lui, un professionnel incontesté dans le monde des ressources humaines. Ancien DRH puis P-DG de la RATP, ce polytechnicien a marqué de son empreinte l’entreprise de transports publics en y développant le concept d’alarme sociale, propre à améliorer le dialogue avec les organisations syndicales et à prévenir les conflits. Un dispositif repris, depuis, à la SNCF. Aussi, le patron de La Poste en a surpris plus d’un en ne stoppant pas les réorganisations en cours dans l’entreprise en dépit des trois suicides de salariés survenus en l’espace de six mois. Tout juste a-t-il différé de six mois le lancement d’un vaste programme d’actionnariat salarié (voir également page 13). Or, ce que dénoncent principalement les syndicats de postiers, c’est l’ampleur des réductions d’effectifs, de l’ordre de 10 000 personnes par an depuis 2010, par le biais de départs non remplacés, et leurs effets néfastes sur la charge et les conditions de travail. Manifestement, le patron de La Poste n’a pas la même perception du malaise interne, fourbissant des statistiques toutes fraîches qui montreraient que l’absentéisme aurait diminué de… 0,01 % entre 2010 et 2011.

À ce stade, on ne peut s’empêcher de se souvenir que Didier Lombard, l’ancien président de France Télécom, se livrait à une comparaison de la courbe des suicides des salariés de France Télécom avec la moyenne nationale. Sauf qu’il s’agissait, dans un cas, d’actes désespérés en lien avec le travail et, dans l’autre, du décompte de tous ceux qui, dans l’Hexagone, avaient attenté à leurs jours. Autre élément préoccupant : à La Poste, ceux qui ont récemment mis fin à leurs jours sont des membres de l’encadrement, justement chargés de mettre en œuvre les décisions. Dans ce tragique contexte, décréter une pause dans le plan dit d’adaptation, comme on décrète une période de deuil, aurait eu une forte dimension symbolique, à la mesure du mal-être de beaucoup de postiers.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange