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Clermont-Ferrand, côté social

Dix figures clermontoises du social et de l’emploi

Clermont-Ferrand, côté social | Métropoles | publié le : 02.02.2013 | Anne Fairise, Rozenn Le Saint

Dirigeants, syndicalistes, avocats…, ils contribuent par leur engagement à la vitalité de l’agglomération puydômoise.

ARNAUD COURDESSES COFONDATEUR DE BABYMOOV

Entrepreneur concerné

La crise ne doit pas brider les envies de création d’entreprise. » Le volontarisme affirmé d’Arnaud Courdesses, 38 ans, ne tient pas à son statut de président régional de Réseau Entreprendre. C’est l’ADN de cet ex-étudiant désargenté de l’ESC Clermont, toujours plus prompt à voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide, devenu la figure locale de l’entrepreneur à succès, en faisant de la société, fondée avec deux camarades grâce à des prêts étudiants et régionaux, le cinquième groupe français d’articles de puériculture (ALT Partners). Un marché que ces pères de neuf enfants à eux trois ont dépoussiéré, avec des produits malins et colorés, à l’image du pot Formule 1. Résultat : une croissance moyenne de 20 % par an, des bureaux à Madrid, Francfort, Hong-Kong et des effectifs quintuplés en cinq ans, à 90 salariés. Pour ne pas perdre l’esprit start-up, il soigne les RH à coups de parcours d’intégration (quatre semaines !), d’entretiens de développement des salariés, qu’il réunit tous deux fois par an. Et tient à consacrer du temps pour accompagner les créateurs de TPE au sein d’Entreprendre. Par « plaisir » et conviction : « L’accompagnement humain fait toute la différence. »

PATRICK OZOUX DIRECTEUR DE MICHELIN DÉVELOPPEMENT

Le coup de pouce à l’emploi de Bibendum

Après avoir occupé des postes à Tours, au Caire, en Suisse, en Côte-d’Ivoire et à Bruxelles, chez Michelin, Patrick Ozoux est de retour au siège. Depuis octobre, cet ancien commercial passé par les RH a pris la direction de Michelin Développement, anciennement Side (Société d’industrialisation et de développement économique). Cette antenne créée en 1990 vise à encourager l’expansion économique des régions d’implantation de Michelin. Le but ? Rendre le territoire plus attractif et provoquer un effet de levier. « Vendre des pneus, c’est bien, faire de la gestion de personnel aussi, mais contribuer à la création d’emplois, surtout en contexte de crise, me donne vraiment le sentiment de faire quelque chose d’utile ? », confie Patrick Ozoux. Michelin Développement offre aux TPE-PME clermontoises une aide technique, mais aussi des subventions : 350 000 euros l’an passé. Il accorde aussi des prêts bonifiés sans garantie à taux réduit (à hauteur de 600 000 euros en 2012), moyennant l’engagement de création d’emplois. En tout, il en revendique 260 l’an passé.

JEAN-LOUIS BORIE AVOCAT PROSALARIÉS

Le meilleur ennemi des patrons

Trouver la faille juridique pour « taper sur les patrons ». C’est ce plaisir, non dissimulé, qui a fait de Jean-Louis Borie un ténor du barreau. Toutes les astuces sont bonnes pour parvenir à faire pencher la balance du côté des salariés. Comme l’illustre « ce conflit magnifique, riche en rebondissements et en relations humaines », celui des licenciés de Cooper Security de Riom en 2011. « En demandant de convoquer le CHSCT, la procédure de licenciement a été suspendue et nous avons sauvé des postes et gagné des chèques-valises : 60 000 euros d’indemnités extralégales par personne ! » se réjouit Jean-Louis Borie, qui évoque de façon passionnée les nuits de tractations et les occupations d’usine. En revanche, la non-reconnaissance de l’exposition à l’amiante des salariés de l’usine Michelin de Golbey (Vosges) lui reste en travers de la gorge. Mais il peut se targuer d’avoir remporté des affaires de discrimination contre le fabricant de pneus, pour qui « le syndicat représentait l’ennemi absolu. On sent une évolution des mentalités et une mise en place très habile du dialogue social ? », analyse-t-il. Ce qui laisse peu de place aux confrontations musclées et binaires.

MICHEL MORAND, AVOCAT PROEMPLOYEURS

Le pilier des entreprises

Avec le pape du droit social Jacques Barthélémy, il a en commun des origines clermontoises et la passion du ballon ovale. Le président de l’ASM les a présentés et Michel Morand a fait son entrée au cabinet en 1977, à la sortie de la fac. « Plaider n’a jamais été mon truc », avoue-t-il. En revanche, il se passionne pour le conseil aux entreprises. « À l’origine, le cabinet Barthélémy n’était pas un cabinet d’avocat, mais de conseil juridique. Une fois qu’on est connoté proemployeurs en province, il est difficile de sortir de cette réputation », retrace le soixantenaire, qui a pris la tête du bureau de Clermont-Ferrand en 1988. Parmi ses principaux clients, Limagrain ou Michelin. Même si Bibendum « externalise peu », il travaille régulièrement avec les juristes et services RH de l’entreprise, entre deux voyages à Paris, où il conseille des fédérations patronales et négocie des accords de branche. Il s’est aussi investi dans l’université locale, où il dirige le master en droit social.

HERVÉ PRÉVOTEAU, DIRECTEUR DU BIOPÔLE

Le trait d’union entre recherche et entreprises

Après des allers-retours entre le Japon et Paris, Hervé Prévoteau a posé ses cartons à Clermont-Ferrand, en 2001. Mais pas n’importe où : à deux pas de l’aéroport, au Biopôle Clermont-Limagne. Utile pour attirer chercheurs en sciences du vivant et entreprises du monde entier. « Nous sommes coordinateurs et entremetteurs, pour insuffler des partenariats et créer des traits d’union entre les acteurs économiques et la recherche », résume-t-il. La structure a réussi à unir la Communauté de communes Limagne d’Ennezat, de Clermont Communauté et de Riom Communauté, ainsi que la CCI en un syndicat mixte. À la grande satisfaction de ce docteur en biochimie, diplômé d’un MBA. Ce qui l’aide à diriger les collaborateurs du Biopôle, qui devraient être 1 500 fin 2013. La structure délivre aussi des formations en management et incite les jeunes chercheurs à monter leur affaire. Elle a ainsi vu grandir des start-up telles que Metabolic Explorer ou Icare. Aujourd’hui, 10 entreprises sont encore dans les couveuses de l’incubateur Busi.

JEAN-PIERRE LAVIGNE PRÉSIDENT DE LA CGPME AUVERGNE

La voix des petits patrons

Accompagner les adhérents au plus près de leurs préoccupations quotidiennes, voilà l’objectif de Jean-Pierre Lavigne, président régional de la CGPME. Incitation au développement des forces commerciales, aide aux créateurs d’entreprise sur la validation des acquis de l’expérience… À force de multiplier les services, il a réussi en six ans à porter à 6 000 le nombre d’adhérents (10 000 salariés représentés au total). Du jamais-vu dans l’histoire de l’organisation patronale. Rien qu’en 2012, 150 PME l’ont rejointe. « La crise crée des réflexes de solidarité », a coutume d’expliquer ce patron qui connaît des semaines à rallonge. L’ancien technicien est également aux manettes de l’Association interprofessionnelle de santé au travail du Puy-de-Dôme, et surtout de la chaîne d’amincissement Physiomins, qu’il a reprise en 2008 avec l’objectif de multiplier les points de vente franchisés. Très direct, voire provocateur, il n’hésite pas à se déclarer publiquement « pour la syndicalisation obligatoire » : « Plus il y a de monde autour de la table, plus ça phosphore, plus vous dégagez du positif pour le business. » Il faut comprendre que la paritarisme n’est pas le dada de la CGPME, mais la terre d’élection d’un Medef, ici tout-puissant politiquement.

PIERRE CAMMINADA DIRECTEUR DE JOB’AGGLO

Le social responsable

Il s’est engagé à Job’agglo pour échapper au service militaire. Vingt ans plus tard il y est toujours et dirige la structure. En arrivant, il a mis à profit sa formation de comptable. L’association créée en 1991 vise, d’une pierre deux coups, à lutter contre le taux de chômage très élevé dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand en faisant travailler leurs habitants sur des chantiers valorisant leur lieu de vie. Par exemple, en transformant des terrains vagues en parcs. L’association, autrefois dépendante des subventions, prend son envol pour devenir autosuffisante à 99 %. Son chiffre d’affaires approche les 4 millions d’euros, « mais est pour la première fois en régression », précise Pierre Camminada, qui enchaîne des journées stressantes à tenter de décrocher des marchés pour faire travailler ses 550 habitants de ZUS en réinsertion. Ceux-ci développent des compétences manuelles et surtout intègrent le b.a.-ba des codes professionnels. Job’agglo fonctionne comme une boîte d’intérim spécialisée dans le bâtiment, le nettoyage et les espaces verts, avec pour clientèle des collectivités et des bailleurs sociaux, mais aussi des entreprises. Sur les chantiers, autant d’hommes que de femmes et pas moins de 39 nationalités.

PHILIPPE TROUVÉ ENSEIGNANT-CHERCHEUR À L’ESC

La matière grise des PME

Les TPE-PME constituent son terrain de recherche favori. Alors, en débarquant dans la région après avoir fait ses classes à l’École des hautes études en sciences sociales à la fin des années 70, il a trouvé matière à étudier. « Quand je suis arrivé, c’était le Far-West. La région était très isolée et désemparée, mais il y avait tellement de possibilités de développer des initiatives, aussi bien en enseignement, en recherche qu’en conseil en entreprise que je suis resté », confie le docteur en sociologie. Il crée un pôle d’enseignement dans les RH à l’ESC Clermont, puis un centre de recherche en 1985. Quatre ans plus tard, il développe un mastère spécialisé en management des ressources humaines. En 1992, il prend a tête du centre de recherche associé au Cereq. Il est convaincu que les petites entreprises offrent des opportunités aux jeunes diplômés, notamment par la reprise de structures autrefois familiales et très « localistes », aujourd’hui plus managériales et ouvertes sur le développement à l’extérieur. En quarante ans, il a vu les TPE-PME mutualiser leurs moyens pour devenir plus fortes. Et de citer en exemple le Club des 1 000 entreprises citoyennes d’Auvergne.

LAURENT DIAS SECRÉTAIRE DE L’URCBA CGT

Le défenseur des salariés étrangers low cost

Le terrain. Voilà la seule religion de Laurent Dias, 54 ans et 30 000 kilomètres annuels au compteur de sa voiture. À sillonner les chantiers, le secrétaire régional de l’Union régionale de la construction, du bois et de l’ameublement, première force militante auvergnate avec 1 800 adhérents, a braqué les feux sur les conditions d’emploi des salariés étrangers détachés, pris dans la sous-traitance en cascade. Grâce au maillage syndical, il gagne la confiance des « camarades étrangers », qui lui confient leurs fiches de paie. Tels ces ferrailleurs intérimaires guinéens, payés 498 euros à temps plein sur le chantier du Grand Carré de Jaude, au centre de Clermont. « Je m’inscris dans la tradition de l’URCBA qui, en 2000, avait défendu les salariés portugais d’un sous-traitant d’EDF à Super-Besse », commente ce chauffagiste devenu la bête noire des donneurs d’ordres. Tenace, le fils de réfugiés politiques portugais a obtenu en décembre du conseil général du Puy-de-Dôme un vœu exigeant un meilleur respect de la réglementation du travail, qui appelle une réponse de la Rue de Grenelle.

ALAIN BARDOT, ADJOINT AU MAIRE CHARGÉ DES RH

Au chevet des salariés de la mairie

Alain Bardot a fait de la santé des 3 000 employés municipaux sa priorité. « L’étude que nous avons menée sur les risques psychosociaux a révélé un grand mal-être des déménageurs de la municipalité, notamment. Nous les avons intégrés au service qui touche à l’événementiel et leur avons confié des tâches annexes. Les RPS ont disparu », se réjouit l’ancien prof de sport, qui s’est ensuite attaqué à la pénibilité. Son plan a reçu un prix Santé au travail dans la fonction publique territoriale en 2011. « Il suffit parfois de peu de chose pour améliorer considérablement les conditions de travail, comme changer l’emplacement des outils, par exemple. Mais cela prend un peu de temps, nous sommes une administration… », sourit l’élu. Alain Bardot peut se montrer ferme. En septembre, il a éradiqué l’alcool dans l’enceinte de la mairie. Aucune dérogation possible. « Les problèmes liés à l’alcoolisme étaient gravissimes. Les syndicats n’étaient pas d’accord, mais tant pis ! »

Auteur

  • Anne Fairise, Rozenn Le Saint