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Tableau de bord

À quoi imputer la baisse du pouvoir d’achat ?

Tableau de bord | publié le : 04.05.2013 | Pierre-David Labani

Pascale Hébel Directrice du département consommation du Credoc.

Le pouvoir d’achat correspond à l’évolution du revenu disponible brut de l’ensemble des ménages, en tenant compte de l’inflation. Il dépend donc de l’évolution de trois composantes : le revenu, les indices des prix et le poids des produits dans la consommation. Pour la troisième année consécutive, le pouvoir d’achat par ménage est négatif. Cette baisse s’explique par les hausses du chômage et des impôts. L’inflation reste modérée et affecte moins le pouvoir d’achat que cela n’a pu être le cas en 2008. Le niveau de vie médian a reculé en 2010. Ainsi, 50 % de la population dispose d’un niveau de vie inférieur à 1 600 euros par mois en 2010. La baisse touche toutes les catégories sociales (hormis les 5 % les plus aisés). En 2010, 14,1 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, contre 13 % en 2008. En raison d’un faible recours au crédit et d’un taux d’épargne toujours élevé, la consommation devient la variable d’ajustement et, en 2012, elle enregistrera un repli de – 0,1 % en volume (c’est-à-dire hors effet inflation) correspondant à une baisse de la consommation par ménage de 0,9 %, baisse identique à celle de 1993. Le consommateur de 2013 se réfugie vers les valeurs simples et la frugalité.

Mathieu Plane Économiste au département analyse et prévision à l’OFCE.

Pour la première fois depuis 1984, le pouvoir d’achat des ménages a accusé une baisse en 2012 (– 0,4 %, soit – 1 % par unité de consommation). Pourquoi une telle chute ? D’abord, la contraction de l’emploi marchand en 2012 (– 38 000) a pesé sur la masse salariale malgré des salaires assez dynamiques. Au total, les salaires et traitements bruts n’ont contribué que pour 0,1 point à la croissance du pouvoir d’achat en 2012 (contre 0,6 % en moyenne en 2011 et 2010). Mais le premier contributeur à la perte de revenu a été la hausse des charges (impôts sur le revenu et sur le patrimoine, cotisations…) qui a amputé pour 1,3 point le pouvoir d’achat (après – 0,7 en 2011). Cela représente un prélèvement supplémentaire, hors inflation, de près de 600 euros par ménage en 2012 (après plus de 300 en 2011). L’austérité a un double effet négatif sur le pouvoir d’achat : un impact direct par le biais de la hausse des charges et un effet indirect par les destructions d’emplois liées à la moindre activité. À l’inverse, avec la hausse du chômage, les prestations sociales ont joué leur rôle d’amortisseur et contribué pour 0,6 point à la hausse du pouvoir d’achat en 2012 (contre 0,4 en 2011).

Mathilde Lemoine Directrice des études économiques et de la stratégie marchés chez HSBC.

Cette baisse du pouvoir d’achat est sans commune mesure avec celle de 1984, qui était de – 1,2 %. D’une part, elle ne résulte pas d’un recul des salaires car ces derniers ont continué à croître plus rapidement que le déflateur de la consommation. D’autre part, les prestations sociales, qui représentent 33 % du revenu des ménages, ont crû de 3,7 % en 2012, compensant partiellement les effets récessifs du taux de chômage sur la consommation. Ainsi, la réduction du pouvoir d’achat provient principalement des hausses de l’impôt sur le revenu et des cotisations sociales qui l’ont amputé de – 1,7 point de pourcentage en 2012. Toutefois, le gouvernement n’anticipe qu’un effet limité du recul du pouvoir d’achat sur la consommation, qui continuerait d’augmenter en 2013. En effet, il considère que les ménages touchés par ces hausses d’impôt sont plutôt aisés et vont choisir de réduire leur épargne plutôt que d’ajuster leur consommation à la baisse. Selon nos calculs, un tel scénario est plausible car l’effet négatif des hausses d’impôt sur la consommation pourrait être effectivement plus que compensé par l’effet positif de la progression des prestations sociales en 2013.

Pour en savoir plus

Les Cahiers de la consommation du Credoc.

www.credoc.fr/ souscriptions/ Communique_Cahiers_ Conso_8avril2013.pdf.

Recul du pouvoir d’achat.

www.insee.fr/fr/themes/ info-rapide.asp?id=28.

Prévisions de croissance 2013-2014 pour la France et l’économie mondiale.

www.coe-rexecode.fr/ public/Analyses-et-previsions/Documents-de-travail.

France : tenue de rigueur imposée. Perspectives 2013-2014 pour l’économie française.

www.ofce.sciences-po.fr/pdf/documents/prev/prev0413/france170413.pdf.

Auteur

  • Pierre-David Labani