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Quand une conférence chasse l’autre

Éditorial | publié le : 05.06.2013 | Jean-Paul Coulange

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Quand une conférence chasse l’autre

Crédit photo Jean-Paul Coulange

C’est le même lieu, le Palais-d’Iéna ; les mêmes acteurs, bien que quelques têtes aient changé dans les rangs syndicaux ; la même pièce, celle de la grande conférence sociale estivale. Et pourtant, en douze mois, quel changement d’ambiance ! L’exercice proposé en 2012 par François Hollande aux organisations syndicales et patronales portait la promesse d’une réhabilitation de la démocratie sociale, à la faveur de l’alternance politique voulue par les Français. Tandis que l’édition 2013 s’annonce déjà comme celle des illusions perdues.

Certes, la crise est passée par là, réduisant au strict minimum l’état de grâce dont aurait pu bénéficier la nouvelle équipe auprès des corps intermédiaires. Depuis l’été dernier, le ministre du Travail a dû annoncer, chaque mois, un nombre de demandeurs d’emploi supérieur au précédent, le triste record de 1997 (3,22 millions de chômeurs) ayant été dépassé en mars. Cette dégradation de la conjoncture, qui s’est manifestée par l’entrée de la France en récession après deux trimestres consécutifs de recul du PIB, a fort logiquement tendu les relations sociales. Le patronat pressant l’exécutif de panser l’économie par la rigueur quand les syndicats lui demandent de penser d’abord au social, par la redistribution. À dire vrai, le gouvernement a fait les deux, réduisant les charges via le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi mais taxant les entreprises à 75 % sur les salaires de plus de 1 million d’euros.

Vis-à-vis des partenaires sociaux, le chef de l’État a dit, pendant sa campagne, ce qu’il ferait s’il était élu et fait ce qu’il a dit une fois installé à l’Élysée. Qu’il s’agisse de la feuille de route, du calendrier, ou de la méthode consistant à donner la primauté à la négociation entre patronat et syndicats avant l’intervention du législateur…La loi du 1er mars 2013 donnant naissance aux contrats de génération et le texte sécurisant l’emploi, adopté mi-mai, ont scrupuleusement suivi cet itinéraire. Même si les opposants à l’ANI se sont offusqués de voir les parlementaires de la majorité ramenés au rang de godillots et contraints de voter sans barguigner le projet de loi transposant l’accord du 11 janvier dernier, quasiment à la virgule près.

Reste que la partition qui sera jouée les 20 et 21 juin au Conseil économique, social et environnemental a changé de registre. C’est moins sur la formation professionnelle ou la santé au travail que l’on attend des couacs que sur les allocations familiales ou les retraites. Puisque le chef de l’État répugne à toucher aux prestations, il faudra jouer sur les recettes. Et cela, les syndicats ne sont pas prêts à l’entendre. Bref, un joli dialogue de sourds en perspective. Quant à l’emploi, morceau de choix de cette deuxième conférence au sommet, on voudrait tant qu’il soit l’objet de mesures audacieuses que l’on risque d’être déçus.

Retrouvez la chronique de Sandrine Foulon « Ma vie au boulot » dans l’émission d’Alexandra Bensaid, « On n’arrête pas l’éco », tous les samedis à 9 h 10 sur France Inter.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange