Workers, de José Luis Valle, décrit l’existence rétrécie d’immigrés au Mexique. Politique sans être polémique.
C’est un mur de métal dévoré par les intempéries à la frontière des États-Unis, sur la plage de Tijuana (Mexique), qui sépare celle-ci horriblement en deux. C’est sur ce symbole de cul-de-sac, pour de trop nombreux immigrés du continent américain, que naît et s’achève Workers, de José Luis Valle. Le réalisateur salvadorien y bichonne la mise en scène, à coups de méticuleux plans-séquences ou fixes qui font émerger un fascinant portrait de la ville. Brouillant un peu le propos politique, sans être polémique, de ce premier long-métrage sur l’abîme des inégalités sociales. Comme le dit un des antihéros de Workers, « on naît et on meurt pauvre ».
D’évolution, il n’y en a eu aucune pour Rafael, depuis trente ans balayeur dans une usine d’ampoules électriques, qui se voit refuser sa retraite parce qu’il est en situation illégale ! Son ex-femme Lidia affronte, elle, avec la même incompréhension, la décision de sa richissime patronne qui lègue sa fortune… à sa chienne. En décrivant dans toute sa monotonie le déroulé de leurs journées, tout en réduisant a minima l’expression des acteurs, José Luis Valle réussit à nous faire ressentir de l’intérieur l’injustice. Cela lui a valu d’être primé aux Festivals de Guadalajara (meilleur film mexicain) et du film grolandais, qui plébiscite un cinéma « proche du comique burlesque et pince-sans-rire du cinéma scandinave ». Mais deux heures pour nous le faire vivre, c’est bien trop long.
Workers, film de José Luis Valle (Mexique/Allemagne, 120 min). Sortie le 30 octobre.