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Des sureffectifs de temps de crise

Actu | L’éco du mois | publié le : 02.12.2013 |

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Gare aux sureffectifs ! Selon l’étude « France : moins d’austérité, plus de croissance », publiée par l’OFCE fin octobre, il existe au sein des entreprises françaises des sureffectifs importants, évalués à 250 000 emplois dans le secteur marchand, en 2013. Selon l’organisme de conjoncture, les entreprises françaises n’ont donc pas encore adapté leurs effectifs à leurs carnets de commandes. Ce phénomène de décalage temporel, appelé « cycle de productivité » (voir le repère ci-contre), est évalué en calculant l’écart entre la productivité par tête et sa moyenne sur le long terme. Pour le deuxième trimestre 2013, le solde de – 1,4 % dans le secteur marchand traduit un sureffectif, qui s’accentue depuis 2011, après avoir connu un pic en 2009 (– 2,5 %). Dans le secteur industriel, la chute est encore plus ­flagrante avec un résultat de – 3,4 %, contre – 1,2 % dans les services marchands.

« En période de ralentissement conjoncturel (et symétriquement en période de reprise), les entreprises attendent généralement la confirmation de la baisse de l’activité avant de procéder à des réductions d’effectifs, ce qui se traduit dans un premier temps par une ­dégradation de la productivité. Ce n’est que dans un second temps qu’elles procèdent à des suppressions de postes », explique l’OFCE. Ainsi, pendant la crise de 2008-2009, les entreprises n’ont pas immédiatement licencié et ont connu des baisses de productivité records. Le constat de sureffectifs en 2013 est confirmé par d’autres indicateurs : une surcapacité de production, des taux de marge bas et une opinion négative des chefs d’entreprise sur la « tendance prévue des effectifs dans l’industrie manufacturière ».

La principale conclusion de cette étude est que, au mieux, les entreprises n’embaucheront pas en 2014, même si la timide reprise se confirme. Au pire, si la situation se dégrade, elles continueront à détruire des emplois, car « elles ne pourront pas tenir longtemps avec un taux de marge réduit », commente l’économiste de l’OFCE Éric Heyer.

Alain Roux

Évolution des effectifs des entreprises françaisesen 2012 et 2013 (en %)
La formation profite toujours aux plus qualifiés

Le constat n’est pas nouveau : les fonds destinés à la formation professionnelle ne sont pas utilisés suffisamment pour ceux qui en ont le plus besoin. Alors que les partenaires sociaux planchent sur une énième réforme pour y remédier, l’Insee révèle que 66 % des diplômés de niveau supérieur à bac + 2 ont suivi au moins une formation professionnelle en 2012, contre 25 % des personnes sans diplôme. La proportion atteint 68 % pour les cadres, tandis qu’ils ne sont que 37 % parmi les ouvriers. Le paradoxe ne s’arrête pas là puisque seulement 40 % des chômeurs ont eu au moins une formation, contre 60 % des 25-54 ans en emploi. Parmi les actifs, les seniors sont également à la traîne. Car, entre 25 et 54 ans, une personne active sur deux a participé à au moins une formation, contre à peine plus d’une sur trois entre 55 et 64 ans.

Autre facteur d’inégalité confirmé, plus l’entreprise est grande, plus elle forme ses salariés : dans les établissements de 10 salariés ou moins, 34 % des salariés ont suivi au moins une formation, contre 65 % dans les établissements d’au moins 250 salariés. Selon l’Insee, la méconnaissance des droits à la formation expliquerait en partie ces inégalités : 62 % des personnes en emploi déclarent avoir « entendu parler » du DIF, 58 % du CIF et 63 % de la VAE alors que, chez les chômeurs, ces taux chutent respectivement à 36 %, 35 % et 50 %.

Anne Buis

Taux d’accès à la formation pour raisons professionnelles des personnes en emploi (en 2012, en %)