– T’as vu qui on va récupérer dans le service ? Un handicapé ! Comme si on n’avait pas assez de travail comme ça ! En plus, je ne vois pas où on va le mettre, vu qu’ils nous ont déjà réduit notre espace vital…

– Mais qu’est-ce qui te dit qu’il est en fauteuil roulant ? Tu sais que 80 % des handicaps sont invisibles et que la plupart du temps il n’y a pas besoin d’aménager les postes pour intégrer un salarié handicapé ?

– Tu veux dire que Nathalie ou Stéphane, ils pourraient en avoir un ?

– Pas besoin d’aller chercher aussi loin. Moi, mon dos est tellement en vrac que je suis invalide à 20 %…

Embaucher plutôt que de payer… Face au coût du non-respect de l’obligation d’embauche – 1 500 smics horaires multipliés par le nombre de personnes handicapées non recrutées – qui peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros, les entreprises signent à tour de bras des accords collectifs, tel Hewlett-Packard.

Botanic a triplé son taux de salariés handicapés et divisé d’autant sa contribution à l’Agefiph. Generali finance des formations pour des demandeurs d’emploi handicapés. Reste que, même s’il progresse légèrement, le taux d’emploi plafonne à 2,8 %. Bien loin des 6 % que les employeurs devraient respecter…

C’est le taux de chômage des personnes handicapées, le double par rapport aux valides.

des jeunes handicapés ont subi au moins une fois au cours de leur vie une discrimination, surtout au travail, soit huit fois plus qu’une personne valide.

des travailleurs handicapés ont un niveau égal ou supérieur au bac.

Sources : Insee, Défenseur des droits.

C’est l’un des principaux écueils des DRH : inciter les salariés à déclarer leur handicap pour accroître leur taux d’emploi et remplir leur obligation légale. Sauf qu’aucun texte ne les oblige à le dévoiler. D’ailleurs, la plupart redoutent de le faire par crainte des mises à l’écart.

Selon l’Agefiph, mentionner sa différence sur son CV divise par 14 la probabilité de décrocher un entretien de recrutement. Pour vaincre les réticences, de nombreuses entreprises jouent la carte de l’incitation. SGS accorde une aide de 700 euros brut à celui qui franchit le pas. KLB Group, une journée de congé afin d’effectuer toutes les démarches de reconnaissance. L’idée étant, aussi, de mieux les accompagner…

Esat (établissements et services d’aide par le travail). Ce nouvel acronyme a remplacé l’usité CAT encore employé pour évoquer le secteur protégé dans lequel travaillent 110 000 salariés handicapés. Ne dites surtout plus « handicapés » mais « personnes en situation de handicap ». Une évolution sémantique pour lutter contre la stigmatisation…