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Un stoïcien à la DGT

Actu | Eux | publié le : 03.04.2014 | A.-C. G.

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Un stoïcien à la DGT

Crédit photo A.-C. G.

Le nouveau directeur général du Travail n’est pas un adepte des médias. Jusqu’ici, Yves Struillou cultivait plutôt l’art de la discrétion. Grand technicien du droit du travail, ce fan de Marc Aurèle et des stoïciens, fin connaisseur des grandes stratégies militaires, n’a pas vu venir cette nomination, impossible à refuser. « Il n’était pas demandeur, souligne sa collègue et complice Laurence Pécaut-Rivolier, conseillère référendaire à la Cour de cassation. Il prend ce poste avec beaucoup de modestie et sait qu’il a face à lui une sacrée montagne à gravir. » Pourtant, son parcours fait de lui le candidat idéal à ce poste très politique, incarné depuis treize ans par Jean-Denis Combrexelle, qui retourne au Conseil d’État. Diplômé de Sciences po puis de l’école de l’Inspection du travail (Intefp), Yves Struillou commence sa carrière d’inspecteur du travail dans l’Essonne. Pendant six ans, sur le terrain, ce Breton d’origine confronte le Code du travail à la réalité des entreprises. Il en gardera le souci de l’effectivité du droit.

Au début des années 1990, il prépare l’ENA. À sa sortie, classé deuxième de la promotion Antoine de Saint-Exupéry, il est nommé auditeur au Conseil d’État. Repéré par Martine Aubry, alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité, il intègre son cabinet comme conseiller technique et travaillera à la loi sur les 35 heures avec Yves Barou, aujourd’hui président de l’Afpa. De retour au Conseil d’État, il n’aura de cesse d’engager le dialogue avec les magistrats de la chambre sociale de la Cour de cassation. Une vraie révolution. « Nous avions pris l’habitude d’échanger sur des dossiers communs, explique Laurence Pécaut-Rivolier. Pour sortir de cette relation informelle, nous avons mis en place il y a six ans un groupe de travail entre nos deux ordres de juridiction, qui perdure. » Le dialogue passe si bien qu’il franchit la Seine en 2011 pour poser ses cartons au sein de la Cour de cassation, où il est nommé conseiller en service extraordinaire. Une première ! « C’est un grand juriste avec une lecture à la fois Conseil d’État et Cour de cassation. Ce parcours juridictionnel est extraordinaire », souligne le professeur Paul-Henri Antomattei, de l’université de Montpellier. « Yves ne fait rien à moitié, dans le travail comme dans la vie, rappelle son copain de promo Gilles Mathel, directeur du Travail en Ille-et-Vilaine, qui se souvient de randonnées épiques. C’est un homme passionné par le droit du travail qui met sa compétence extrême au service des autres. »

Yves Struillou hérite de deux grands chantiers épineux. Celui de la pénibilité et celui de l’Inspection du travail. Cette dernière réforme réorganise le fonctionnement des inspecteurs et les dote de nouveaux pouvoirs de sanction. « Nous sommes satisfaits de voir partir Jean-Denis Combrexelle qui incarne la réforme du ministère fort que nous contestons. Et plutôt favorables à l’arrivée d’Yves Struillou, explique le bureau national du Snutef FSU. Nous parlons le même langage. Nous espérons qu’il recevra les organisations syndicales très vite, qu’il entendra nos craintes et acceptera d’entrer dans une logique de dialogue social. » De fait, Yves Struillou a toujours gardé le contact avec son corps d’origine. Il est l’auteur avec Hubert Rose, directeur du Travail à la DGT, de l’incontournable ouvrage sur le droit du licenciement des salariés protégés, le livre de chevet de tout bon inspecteur du travail. Un atout qui n’aura pas échappé à Michel Sapin, son ministre de tutelle.

Yves Struillou

Directeur général du Travail, 53 ans.

1998

Conseiller technique au cabinet de Martine Aubry (ministre de l’Emploi et de la Solidarité).

2009

Conseiller d’État.

2011

Conseiller à la Cour de cassation.

Auteur

  • A.-C. G.