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Idées

« Cours, camarade! »

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.04.2014 | Dominique-Jean Chertier

Le pas lent des partenaires

Les partenaires sociaux discutent, négocient et même concluent. Certes, il y a la part de rituel, de cinéma ou de théâtre d’ombres. Certes, il n’y a pas toujours l’unanimité des signataires. Certes, on s’accorde parfois sur des généralités. Mais enfin, la voie suivie et la méthode adoptée sont bonnes.

Pour autant, doit-on s’en satisfaire ? La direction peut être juste mais le rythme mauvais. Combien de temps faudra-t-il pour que les accords soient traduits dans la loi, la loi dans les décrets et les règlements, et surtout les textes dans les faits? La France serait seule au monde, tout irait bien. Mais d’autres pays courent quand nous, nous nous échauffons.

La vie dure des corporatismes

Les élections arrivent, les corporatismes se réveillent. Quelle que soit leur légitimité, les intérêts catégoriels savent se faire entendre. Dépassant parfois les divergences de revenus, salariés et patrons savent alors coiffer les mêmes bonnets pour défendre le statu quo : taxis, professionnels du spectacle et bien d’autres encore. Et, devant les craintes de blocage, la société renonce à évoluer. Faute non pas de vouloir casser des professions, des activités et ceux qui les servent, ce qui serait stupide et injuste, mais faute de traiter certaines questions de fond. Qui doit payer la culture, sans financer tout et n’importe quoi au nom de l’exception française ? Comment sauvegarder le patrimoine des chauffeurs de taxi tout en développant le service et la concurrence ? Ne pas traiter ces questions récurrentes est une incitation à la multiplication des intérêts catégoriels, au détriment de l’intérêt général.

Le prix des boulets

La France est, depuis 1901, le pays des associations. Qui naissent, qui meurent. La France est le pays du droit, ou plutôt des lois, que parfois on abroge. Il en reste 11 000 que nul n’est censé ignorer. La France est le pays des Hauts Comités, Conseils nationaux, Hautes Autorités, Observatoires qui ont atteint l’immortalité. En 1998, un sénateur s’enquit de leur nombre. Eût-il eu la réponse qu’elle eût été fausse le lendemain. On dira qu’à défaut d’être toutes utiles ces institutions ne sont ni nuisibles ni coûteuses. Elles ont forcément un coût, ne serait-ce que celui de leur inertie ou des fonctionnaires qui, à leur corps défendant, en assurent le fonctionnement. Engageons donc un nettoyage de printemps et consacrons les économies réalisées à la formation de jeunes sans emploi : elles auront fait oeuvre utile.

Le strabisme hexagonal

Les entreprises du CAC 40 cumulent près de 48 milliards d’euros de bénéfices. Réjouissons-nous et remercions la mondialisation sans laquelle elles seraient peu de chose (notons toutefois que ces résultats ne représentent que la moitié de ceux de 2007). Les dividendes seront au rendez-vous, et l’envie d’investir dans ces belles réussites aussi. Les fruits de la participation, et peut-être des augmentations de salaire, satisferont les salariés. L’investissement, encore frileux, finira par décoller. 5 225 800 demandeurs d’emploi sont inscrits à Pôle emploi (en catégories A, B et C) ; 277 000 de plus qu’il y a un an. Même si la situation semble cesser de se dégrader, elle reste – et restera – dramatique pour tous ceux qui en souffrent. Au risque de confier leur désespoir à des marchands d’illusions ou des vendeurs de placebos.

Auteur

  • Dominique-Jean Chertier