logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

La banlieue à contre-emploi

Idées | Culture | publié le : 03.06.2016 | A. F.

Image

La banlieue à contre-emploi

Crédit photo A. F.

Les difficultés sociales font le lit du Front national ? Pas si simple pour Adnane Tragha, qui met en scène quatre électeurs potentiels.

Qu’est-ce que 600 euros ? Beaucoup pour Leïla, une jeune étudiante engagée : le prix de la sortie de la galère pour qui n’a pas de toit, soit trois mois de loyer payés d’avance pour une chambre sous-louée en banlieue parisienne. Et pour nous spectateurs, une porte ouverte sur des vies de précarité. Celle de Marco, le loueur, qui s’acharne toujours, à 40 ans, à vivre de sa musique mais subsiste grâce au RSA. Celle de Jacques, aussi, un voisin depuis trop longtemps au chômage, veuf depuis peu, qui tue l’ennui devant la télé. Tenu par une rage quasi incontrôlable contre la société, le premier, bien que vieux militant, ne vote pas. Le second a opté pour l’extrême droite, en ce printemps 2012.

Des choix « enkystés » dans les difficultés sociales ? Pas si simple. Voyez Moussa, le pote de Marco. Lui, le sans-papiers qui ne peut voter, s’est énormément investi dans une librairie, un club de boxe, la politique… « Je souhaite donner une autre image de l’abstentionniste, de l’électeur d’extrême droite, de l’étranger qui n’a pas le droit de vote. Je me suis inspiré des gens qui m’entourent », explique Adnane Tragha. Ce prof passé derrière la caméra nous fait toucher du doigt l’isolement des déçus de la politique, né de l’accumulation des difficultés. Frontal, d’une violence sourde dans sa description, 600 euros n’est pourtant pas un film désespéré.Parions qu’il ne sera pas non plus un coup d’essai pour ce réalisateur, qui travaille avec Luc Besson.

600 euros (86 min), d’Adnane Tragha. Sortie le 8 juin.

Auteur

  • A. F.