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Idées

L’ère de l’associativité

Idées | Livres | publié le : 04.10.2016 | J. M.

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L’ère de l’associativité

Crédit photo J. M.

Entre essor des réseaux sociaux et expansion de l’économie sociale et solidaire s’esquissent les traits d’une contre-société où la notion de travail s’élargit.

Analyste du lien social, Roger Sue estime que l’essor des réseaux sociaux ne peut s’expliquer que par une plus grande propension à l’associativité de la société actuelle. Cette même associativité qui favorise selon lui l’émergence de la société de la connaissance. Fidèle à un thème qui lui est cher, il souligne que « le poids et l’influence de l’économie sociale et solidaire, associative à 80 %, ne cessent de grandir et d’imprégner le monde de l’entreprise ». De là à affirmer que l’associativité deviendrait la forme dominante de la vie sociale, économique et politique, c’est sans doute plus discutable. C’est pourtant ce que le sociologue s’emploie à démontrer.

Son premier chapitre salue l’avènement de « l’individu relationnel », à l’ère des Facebook et Twitter. Ce qui l’amène à contester les thèses dites du « désengagement », selon lesquelles nous vivrions une ère de repli sur soi. Il met ensuite l’accent sur la « contagion associative » qui s’est répandue dans le monde. Le principal obstacle à ce mouvement étant pour l’heure l’absence d’opérateur historique capable de l’incarner. L’ouvrage montre comment Internet a mis l’association et la collaboration au centre du processus d’intelligence des foules. Selon une vision très optimiste : « Partout on assiste à ce renouveau politique de l’éducation populaire, tout particulièrement chez les plus jeunes. »

Certes, Roger Sue réaffirme son diagnostic d’une « désintégration du travail » et dénonce les illusions d’un contrat de travail devenu largement obsolète. Mais le professeur de Paris-Descartes insiste cette fois sur le déplacement du centre de gravité de l’économie, à travers ce qu’il appelle « l’économie du quotidien, du domestique à l’associatif, en passant par le collaboratif ». Esquisse d’une contre-société où « le primat du relationnel et de l’associativité détermine de nouvelles règles du jeu ». Si le couple travail-emploi classique se contracte, la notion de travail s’élargit à une multitude d’activités. Sa proposition finale ? Faire du Conseil économique et social l’assemblée du monde des associations et de la société civile, en lui donnant les moyens de devenir une force de proposition pour le législateur. Une réponse politique bien modeste.

La Contre-Société, Roger Sue. Éditions Les Liens qui libèrent. 190 pages, 17 euros.

Auteur

  • J. M.