Dans un amphithéâtre plein à craquer, 1 200 étudiants planchent sur l’analyse d’extraits d’un film japonais. Quelques semaines plus tard, ils ne sont plus que 60 sur la photo de promo des nouveaux étudiants admis à la Fémis, l’école d’excellence du cinéma français. Qu’est-ce qui vaut à ces heureux élus d’avoir triomphé des trois rounds d’admission ? Qu’ont-ils dévoilé d’eux-mêmes, de leur vécu, de leurs moteurs intimes et de leur soif de réussite, pour emporter l’assentiment du jury ?

Dans Le Concours, la réalisatrice de documentaires Claire Simon, ex-directrice du département réalisation de la Fémis, offre une immersion fascinante au cœur d’une machine de sélection des élites. La caméra s’invite dans les oraux et épie les délibérations. Les candidats seront peut-être les réalisateurs, les scénaristes et les producteurs de demain. Pourtant, le propos est universel : le concours, outil fétiche de la méritocratie, garantit-il une sélection juste ?

Les jurés sont souvent à mille lieues de la caricature que l’on pourrait s’en faire. Ni hautains ni cassants, ils se méfient de leurs préjugés, analysent les inégalités de classe, s’enthousiasment pour les profils « pas formatés ». Mais la quête d’une objectivité parfaite est illusoire. La maturité, la passion et le potentiel d’un étudiant sont par nature insaisissables. Aucun concours n’évite les erreurs de jugement. Les candidats, eux, jouent leur avenir en quelques phrases. Timides ou fanfarons, toujours touchants.

Le Concours (1 h 59), documentaire de Claire Simon. Sortie le 8 février.