logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

Bull compte le temps sur intranet

Dossier | publié le : 01.10.2001 | S. D.

Développé pour accompagner la mise en place des 35 heures, BullTime permet aux salariés de déclarer leurs heures et de poser leurs congés via l'intranet. Mais le système ne fait pas l'unanimité.

Quoi de plus normal pour un groupe informatique ? Contraint de passer aux 35 heures, Bull s'est résolu à concocter un logiciel de comptage du temps sur mesure. Depuis septembre dernier, ses 8 000 salariés français peuvent, s'ils le souhaitent, se connecter à BullTime pour déclarer leur temps de travail et déposer leurs demandes de congé. « En accord avec les partenaires sociaux, nous voulions un système autodéclaratif qui réponde à plusieurs exigences, raconte Franc Piget, directeur des affaires sociales du groupe. Il devait être infalsifiable pour respecter les contraintes légales, sécurisé et facile d'accès, car bon nombre de collaborateurs passent leurs journées hors de nos établissements. » Il aura fallu pas moins de cinq personnes et six mois pour paramétrer le système.

L'accord 35 heures a été disséqué pour alimenter BullTime d'une multitude de données : le statut des salariés, leur catégorie, leur métier, leur contrat de travail. Le logiciel choisi (P/2 de Chronotique) a ensuite été connecté avec la paie. Chaque jour, les salariés peuvent donc saisir leurs heures d'arrivée, de départ, de pause-déjeuner en se branchant sur le réseau interne, et ce, où qu'ils soient, de leur bureau, à l'étranger ou chez un client. Et pour ceux qui font l'impasse sur ces déclarations, le système applique par défaut les amplitudes horaires correspondant à leur profil.

10 % des salariés en sont restés au papier

Les employés peuvent consulter leur cumul d'heures effectuées dans l'année en cliquant sur des compteurs. « Tous les trois mois, le système m'alerte en cas de dépassement horaire », explique Isabelle Decaestecker, salariée de l'entreprise. Un collaborateur souhaite s'absenter pour suivre une formation, prendre des jours de RTT ou poser une semaine de congés payés ? Via BullTime, il exprime ses desiderata auprès de son supérieur hiérarchique qui lui répond par e-mail en moins de dix jours. Désormais, les managers doivent gérer les absences, les congés et le temps de travail de leurs équipiers. « Mais, avec ce système, il est plus facile d'organiser le travail », estime Franc Piget : grâce au tableau synoptique, les managers se rendent mieux compte des disponibilités.

Si Bull envisage à présent de tirer profit des 35 heures pour vendre son outil, il lui faut encore convaincre du bien-fondé de son outil en interne. Par exemple, la configuration actuelle ne permet pas de répondre aux attentes des syndicats qui réclament à grands cris les statistiques promises sur les dépassements d'horaires. Et environ 10 % des salariés, notamment les non-cadres, n'ont toujours pas accès à l'intranet. Conséquence : ils envoient toutes les semaines un récapitulatif sur papier de leurs heures à leur DRH. « Mais surtout, certains managers ne remplissent pas leur rôle correctement et ne valident pas les horaires de leurs subordonnés. Pis, ils font pression sur ces derniers pour qu'ils ne déclarent pas leurs heures supplémentaires », souligne Bernard Pronce, représentant syndical CFDT au comité central d'entreprise. Ces points de discorde devraient faire l'objet d'une prochaine commission de suivi.

Auteur

  • S. D.