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Vie des entreprises

L'« isalariat » relooke le portage

Vie des entreprises | CONSEIL ET INFORMATIQUE RH | publié le : 01.10.2001 | Sara de la Cochetière

Ce nouveau statut permet aux indépendants de bénéficier d'un contrat de travail auprès d'une société intermédiaire, dès le début de leur mission, et parfois en CDI.

À 51 ans, Daniel Crépin, consultant et formateur en management, enchaîne mission sur mission et gagne environ 30 000 francs brut par mois. « Je n'ai pas de frais de structure à couvrir, je cotise à la caisse de retraite des cadres, tout en conservant ma liberté dans le choix de mes clients et l'organisation de mon travail », explique-t-il. Il n'est pas salarié… sans être non plus indépendant. Un non-statut ? Plutôt une nouvelle formule de travail. Le consultant négocie directement ses missions, et leur tarif, auprès de ses clients, mais est salarié par une société intermédiaire, Intervenance. Celle-ci retient 12 % sur ses honoraires pour couvrir les frais de gestion et les charges sociales.

Le principe ressemble à s'y méprendre à du portage, ce système développé dans les années 80 pour aider les cadres à créer leur propre emploi, sans monter pour autant une entreprise. Mais selon Matthieu Gallou, vice-P-DG d'Upson, holding à laquelle appartient Intervenance, la différence est de taille : « Les sociétés de portage attendent que l'entreprise cliente paie la facture pour rémunérer le consultant et établir son contrat, argumente-t-il. Ce qui est parfaitement illégal, puisque la personne n'a aucune couverture alors qu'elle travaille. Nous signons les contrats en début de mission, et rémunérons les personnes à la fin du mois, que la facture ait été payée ou non. » Depuis deux ans, le groupe Upson prône ce qu'il préfère nommer l'« isalariat » à travers quatre sociétés : Intervenance, qui fédère les consultants plutôt haut de gamme (plus de 3 000 francs par jour) ; Libertisalariat, réservé aux juniors ; Artistic Consulting, pour les prestations du domaine artistique ; et Upson Architecture. Les « isalariés » sont recrutés en CDD si la mission est de courte durée ou en CDI si elle excède dix-huit mois. « Les consultants dont les contrats vont s'enchaîner sans interruption sont directement embauchés en CDI, ajoute Matthieu Gallou. Nous devons les évaluer comme le font tous les recruteurs. »

Électrons libres du consulting

Les entreprises clientes y trouvent leur compte, puisque les sociétés du groupe Upson ont l'obligation, comme tout prestataire, de remplacer les consultants pouvant faire défaut ou se révéler incompétents. Upson a donc créé un portail, isalariat.fr, destiné à la fois aux consultants et aux entreprises. Signe du succès : les grands cabinets de conseil regardent de plus en plus d'un mauvais œil ces électrons libres du consulting. « Les isalariés peuvent se regrouper pour se mettre en concurrence avec un Accenture ou un Cap Gemini », souligne Matthieu Gallou.

En un an, le groupe Upson a fait travailler plus de 1 000 personnes et réalisé environ 150 millions de francs de chiffre d'affaires. Du coup, les sociétés de portage commencent à se rallier au concept. Certaines, d'ailleurs, convaincues par le modèle d'Upson, souhaiteraient rejoindre le groupe au sein d'une fédération de l'isalariat.

Auteur

  • Sara de la Cochetière